Ce prénom masculin fait partie de la nomenclature traditionnelle algérienne. Tahar, d'origine arabe, vient de T'ahîr, signifiant “pur, chaste, vertueux". La forme arabe, Tahir, est également prise comme prénom, elle a fourni également la forme féminine, Tahira. Tahar a fourni également des prénoms composés avec Mohammed et, en zone berbérophone Mohand : Mohammed-Tahar et Mohand-Tahar. Parmi les Tahar célèbres, évoquons l'écrivain Tahar Djaout. Né en 1954 à Oulkhou, un village de la région d'Azeffoun, en Grande Kabyle, il est mort assassiné en 1992, à Alger. Il a vécu ses premières années dans son village natal, avant de s'installer, en 1964, avec sa famille, à Alger, où il fait ses études primaires et secondaires. Il obtient son baccalauréat et s'inscrit à l'université où il prépare une licence de mathématiques. Il continue ses études en France, en préparant, cette fois-ci, un diplôme de sciences de l'information et de la communication. Il voulait devenir journaliste et c'est cette fonction qu'il allait exercer, de retour à Alger. En 1993, profitant de l'ouverture démocratique, Djaout et d'autres journalistes, fondent l'hebdomadaire “Ruptures", véritable tribune où sont débattus les problèmes politiques, culturels et identitaires de l'Algérie. Menacé par les groupes terroristes, Djaout refuse d'arrêter d'écrire. Le 25 mai 1993, il est victime d'un attentat, près de son domicile, à Baïnem, dans la banlieue d'Alger. Il décède quelques jours après, inaugurant la longue liste des journalistes et intellectuels algériens assassinés par les groupes armés. Parmi les déclarations faites à la suite de sa mort, on relèvera l'hommage que lui rendit Federico Mayor, le directeur de l'Unesco : “Lorsqu'un journaliste et un créateur, un homme du verbe et de l'imaginaire est frappé par les balles de l'intolérance et les poignards du sectarisme, il est du devoir de l'Unesco de manifester son indignation et d'élever sa voix pour condamner la violence aveugle. Tahar Djaout a promu l'identité culturelle de son pays et affirmé sa foi dans la parole et le dialogue." Journaliste, Djaout était également poète et romancier. Il a publié, dès 1975, un recueil de poésie “Solstice brisé" et, en 1978, à compte d'auteur, “L'arche à vau-l'eau". Son premier roman, “L'Exproprié", parut à Alger en 1981 (réédition à Paris, en 1991). Ont suivi : “Les chercheurs d'os" (1984) qui obtient le prix de la Fondation del Ducca, “L'invention du désert" (1981) et “Les Vigiles" (1987). Tahar Djaout a publié également un recueil de nouvelles, “Les rets de l'oiseleur" (1984). Tout en se rapprochant des autres écrivains maghrébins de langue française, comme Mammeri, Kateb Yacine ou Khaïreddine, Djaout a su créer son propre style, mettant beaucoup de poésie et de rêves dans sa prose, tout en gardant une grande lucidité qui lui permettait d'approcher de façon critique le réel. M. A. H ([email protected])