Présenté comme une fierté locale à l'image du martyr de la Révolution Si Ouali Bennaï, le nom du défunt Hachemi Naït Djoudi n'en évoque pas moins, comme son aîné décédé en 1957, un militant de la cause nationale qu'il convient de saluer en toutes circonstances. Ainsi, la pluie et le mauvais temps n'ont pas dissuadé hier la population de Djemaâ Saharidj, dans la wilaya de Tizi Ouzou, de rendre un vibrant hommage au docteur Hachemi Naït Djoudi, disparu il y a onze ans à la suite d'un accident cardiovasculaire à l'âge de 55 ans. Plusieurs centaines de personnes, dont ses proches, amis et compagnons, se sont donc déplacées pour se recueillir sur sa tombe au cimetière de Sidi Sahnoun à Djemâa Saharidj, son village natal pavoisé hier aux couleurs nationales avec des banderoles souhaitant la bienvenue à de nombreux visiteurs qui ont tenu à marquer de leur présence cette commémoration. Trois générations de la famille Naït Djoudi étaient sur place. Après une courte allocution prononcée par son cousin El-Hachemi, son fils Idir a déposé au nom de la population de Djemaâ Sarahidj une gerbe de fleurs sur la pierre tombale du défunt dont de nombreux présents gardent de lui un souvenir vivace. S'en suivra la récitation de la Fatiha par l'imam de la zaouïa de Sidi Sahnoun qui demandera à l'assistance d'avoir une pieuse pensée pour tous ceux qui se sont sacrifiés pour l'Indépendance et l'unité nationales. Les différents témoignages l'ont souligné, le docteur Hachemi Naït Djoudi était un personnage très attachant. “Militant infatigable pour les droits de l'Homme, ardent défenseur de l'identité nationale, membre de la direction clandestine du FFS, le défunt était fermement engagé en faveur de la justice, des libertés et de la démocratie ainsi que de toutes les causes justes", a tenté de résumer son compagnon Arezki Lakabi qui a rappelé “avec beaucoup de peine et d'émotion" son riche parcours et notamment sa “militance" sur plusieurs fronts. “En Octobre 1988, il ne pouvait se contenter de regarder du haut de son balcon son peuple manifester". M. Lakabi évoquera particulièrement les efforts du défunt, un défenseur de la cause amazighe, à l'effet de rassembler le Mouvement culturel berbère en proie alors à des dissensions. L'orateur rappellera, non sans amertume, ses nombreuses tentatives menées de concert avec le regretté écrivain, poète, anthropologue et linguiste, Mouloud Mammeri et qui n'ont pas connu le succès espéré. Loin s'en faut ! Arezki Lakabi mettra en relief, par la suite, non seulement le courage du défunt mais aussi toutes les brimades et autres vexations dont il a fait l'objet de la part du pouvoir. À ce sujet, un autre ami du militant disparu, Mouhoub Aït Maouche, a révélé que le défunt avait même été enlevé pour empêcher le retour du leader du FFS, Hocine Aït Ahmed en Algérie en 1989 après la promulgation de la première Constitution instaurant le pluralisme politique en Algérie. Légaliste jusqu'au bout de ses convictions et farouche partisan de l'unité nationale, Hachemi Naït Djoudi a bien voulu activer par la suite dans le nouveau cadre légal “octroyé". Il est à signaler, enfin, que plusieurs personnalités nationales n'ont pu se déplacer hier à Djemaâ Saharidj, soit par empêchement familial, soit par contrainte d'agenda et ont dû s'excuser par des messages lus à l'assistance. Il en va ainsi de l'ancien Premier ministre, Ali Benflis, du chanteur Lounis Aït Menguellet ou encore d'Amara Benyounès, l'actuel ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville. À la fin de la cérémonie, un déjeuner a été offert à toute la population avec pour plat principal le “seksou" ancestral. M-C.L Voir photos : www.liberte-algerie.com/galerie-photos/hommage-a-un-militant-sincere-286