Résumé : Hadja Taos panique à la pensée que sa petite-fille ait pu mettre fin à sa vie. Elle se reproche déjà de ne pas avoir su voir à quel point elle était désespérée. Abdenour rentre et ouvre la porte. Tous sont sous le choc en découvrant Lynda inconsciente. Elle s'est coupée les veines. Leur voisin entre, attiré par les cris. Ils emmènent Lynda à l'hôpital. Elle n'est pas encore morte. Plus d'une heure passe avant que le médecin ne sorte pour les rassurer. Abdenour et sa mère ont attendu. Si Hadja Taos a passé le temps à se ronger les sangs et à regretter de ne pas avoir su être là au moment où Lynda s'est sentie seule et abandonnée face à la malchance qui semble s'acharner sur elle, son fils, lui, fait les cent pas. Il tourne en rond. Le couloir est trop étroit. Il ne lui suffit pas. Il est inquiet et s'en veut aussi. Il se sent responsable de l'acte désespéré de sa fille. Dans sa colère, il ne s'est pas rendu compte de sa dureté. Pour lui, il est normal qu'il la garde cloîtrée à la maison. Il ne veut pas qu'elle soit victime d'une autre agression. C'est pour sa sécurité qu'il a pris cette grave décision. Mais jamais il n'aurait cru qu'elle déciderait de mettre fin à sa vie, en croyant que cela ne le toucherait pas. Il veut que ce qui lui est arrivé lui serve de leçon. Il sait que toute sa vie en est bouleversée. La preuve, elle a voulu mettre fin à ses souffrances. - Je ne voulais pas, dit-il entre les dents. - Je n'en doute pas, répond Hadja Taos. Je sais combien tu l'aimes, mais dans ta colère, tu ne le lui as plus montré. - Je prie pour qu'elle s'en sorte. Je ne veux pas qu'elle meure. Lorsque le médecin pousse les battants du bloc opératoire, Abdenour va vers lui, vite imité par sa mère. - Comment va-t-elle ? - Sa vie est hors de danger. Que s'est-il passé ? veut-il savoir. Vous vous êtes querellés ? - Non, répond le père. On a été choqués en la découvrant dans sa chambre. - Est-elle étudiante ? - Oui. - Est-elle fiancée ? A-t-elle un ami ? Abdenour se tourne vers sa mère. - Oui, mais ils ont rompu, répond cette dernière. Elle souffrait de leur rupture. Mais on ignorait qu'elle en arriverait à tenter de se suicider. - Est-ce qu'on peut la voir maintenant ? demande Abdenour. - Non, pas ce soir, dit le médecin, vous attendrez demain ! - Pourquoi ? l'interroge Hadja Taos. Pas même moi ? - Oui, Hadja, inutile d'insister, vous ne la verrez pas ce soir ! Abdenour prend le bras de sa mère et se dirige vers la sortie. Le médecin les rappelle. - Ne partez pas tout de suite. Vous n'avez pas rempli le formulaire, lui dit-il. Cela ne vous prendra que quelques minutes. - Je l'ai déjà rempli, répond Abdenour en se dirigeant vers le service des admissions. Il n'y a personne. - Veuillez patientez. Il ne devrait pas tarder à revenir à son poste de travail. Il manquait un renseignement. - Et ça ne peut pas attendre demain ? rétorque Hadja Taos, contrariée de ne pas pouvoir voir Lynda. - Non, vous devez aussi répondre à certaines questions, dit le médecin. Hadja Taos ne comprend pas mais Abdenour s'attend à être interrogé. Il devine que la police ne va pas tarder à arriver. - On dira qu'elle a tenté de se suicider à la suite d'un échec sentimental. Pour ce qui est du reste, personne ne doit savoir, lui dit-il avant l'arrivée de deux policiers chargés d'enquêter sur la tentative de suicide de sa fille. Le médecin a chargé une infirmière d'appeler la police. La tentative de suicide lui a paru suspecte. - Vous êtes son père ? - Oui, pourquoi ? - J'ai quelques questions à vous poser, lui dit le plus âgé des policiers. Votre fille avait une raison particulière de vouloir mourir ? - Il y a eu un fait, il y a quelques semaines, répond Abdenour, mais j'ignorais que rompre avec son ami la pousserait à en finir avec la vie. - Vous en êtes sûr ? Il n'y a pas d'autres raisons ? poursuit l'autre policier en surveillant leurs regards. Personne ne voulait sa mort au sein de la famille ? - Non, souffle Abdenour en devenant livide. Lynda est une fille adorable. Elle adorait la vie ! - Expliquez-moi alors comment une jeune fille qui adore la vie tente de se suicider ? Est-ce que ce ne serait pas quelqu'un d'autre qui lui aurait tailladé les veines ? émet le premier policier. Vous ou un autre membre de la famille ? Hadja Taos, scandalisée, décide d'intervenir. La question n'est pas pour elle, mais elle se doit de leur parler. (À suivre) A. K.