Résumé : Prise dans l'engrenage de mon boulot et des préoccupations féminines, je ne pouvais me rendre compte que j'abandonnais peu à peu mon rôle d'épouse et de mère. Ma propre mère m'en fera le reproche. Je n'étais plus la même depuis quelque temps. Chose que mon mari ne devrait pas apprécier. J'étais étonnée devant les propos de ma mère. Comment connaissait-elle donc tout ça ? Je hoche la tête : - Parfaitement maman. Mais pourquoi m'en fais-tu donc le reproche ? - Mais je ne te reproche pas ce que tu fais. Tu travailles, tu mènes un combat dans une société, mais cela ne devrait pas t'empêcher de t'occuper de ta famille et de ton foyer. Te rends-tu compte que tu ne fais même plus la cuisine, et que ton appartement ressemble à une caverne d'Ali Baba ? - Ce n'est rien, je pourrais faire le ménage un de ces jours, mais ce qui urge le plus c'est mes séminaires, mes réunions, mes reportages. Je travaille sur des sujets chauds et les lecteurs sont branchés et... Ma mère lève la main : - Je suis heureuse de constater que tu réussis dans ton job, mais pour être plus sincère, je suis déçue par ton comportement envers ton mari et ton foyer. Ma mère n'en rajoutera pas plus. Je la connaissais assez bien pour comprendre qu'elle était mécontente. Pouvait-elle saisir le fond de mes idées ? Je m'approche d'elle et l'embrasse sur le front : - Maman, voyons, je ne suis pas aussi négligente que tu le penses. Je veux juste prouver aux hommes que nous autres les femmes sommes aussi capables qu'eux de gérer le monde. - Hum...Tu penses gérer le monde, alors que tu n'arrive même pas à gérer ton foyer. - Que manque-t-il donc à mon foyer ? - De la chaleur ! De la chaleur et un meilleur entretien. Jamais je ne t'ai vue aussi désordonnée. Tu aimais bien te laisser aller de temps à autre lorsque tu étais jeune fille, mais depuis que tu t'es mariée, je me réjouissais de te voir prendre soin de ta maison. C'était tellement bien rangé partout qu'on avait du mal à croire que c'était toi qui tenait cet intérieur aussi bien. Je sais que tu travailles beaucoup et, le soir, tu as le petit sur les bras, mais tu n'as pas le droit de délaisser ton mari et de négliger ton foyer. - Youcef ne s'en plaint pas trop. Il est habitué. - Non, il ne s'en plaint pas parce qu'il n'aime pas les scènes de ménage. Cet homme est trop bien éduqué pour accepter d'affronter tes excès de colère chaque soir. Je me trompe ? Je pousse un long soupir : - Pourquoi prends-tu donc sa défense ? Tous les hommes sont pareils : arrogants, égoïstes, insouciants. Si tu voyais et écoutais les femmes que je reçois à la rédaction, tu ne m'en diras pas autant et tu ne me reprocheras point de délaisser mon mari. - Pourquoi donc ? Tu crois qu'il est difficile pour lui de te sermonner sur tes obligations familiales ? Je pense qu'il est plutôt fatigué par tes airs de madame qui connaît tout et qui veut bouleverser le monde féminin en déclarant la guerre aux hommes. Il ne doit pas tellement croire à tes ambitions. Et moi non plus d'ailleurs. - Ah ! Nous y voilà ! Tu es donc comme toutes ces femmes complices qui encaissent sans rechigner et reprochent aux autres leur besoin de liberté, d'instruction et d'évolution. Nous allons encore tourner en rond. - Aussi longtemps que le monde sera monde, ma fille, à travers tous les siècles, il y a eu des femmes qui s'étaient révoltées. Tu ne seras ni la première ni la dernière à écrire sur la condition féminine et à demander des droits. Il y aura toujours un vaincu et un vainqueur. Tu n'arriveras jamais à imposer tes idées ou à changer quelque chose aux préceptes de la nature. L'homme a toujours démontré sa supériorité et il continuera. - Tu te trompes. Je ne vois pas quelle supériorité il pourra démontrer. Homme ou femme, nous possédons tous le même cerveau. Ma mère soupire : - Un jour tu comprendras ma fille. Pour le moment, je suis bien trop occupée pour continuer à palabrer sur un sujet qui te tient à cœur mais que tu es loin de maîtriser. Heu... j'aimerais tout simplement te mettre en garde : ton mari ne résistera pas longtemps à tes sautes d'humeur. Je hausse les épaules : - Il connaît mon caractère, et il sait que je ne pourrais pas changer. - Bien. Alors tiens-le toi pour dit. Tes idées de grandeur finiront par le lasser et ne viens pas pleurnicher, s'il va chercher réconfort entre les bras d'une femme. - Quoi ? Youcef ? C'est impossible ? - Rien n'est impossible pour un homme qui ne retrouve plus de chaleur chez-lui. Réfléchis donc à mes propos ma fille, et tente de réajuster le tir. (À suivre) Y. H