Ahmed Benbitour, ex-Chef de gouvernement, était, hier à Constantine, invité par le quotidien régional l'Index pour débattre avec des représentants de la société civile et des journalistes. Après avoir présenté brièvement les grandes lignes de son programme pour le changement, l'ancien Premier ministre a dû céder face à l'insistance des personnes présentes qui souhaitaient savoir si oui ou non il comptait se présenter à la présidentielle de 2014. Et d'affirmer : “Cette élection sera une occasion pour concrétiser un changement réel à tous les niveaux. Ce changement ne viendra jamais du système mais pacifiquement grâce aux citoyens. Ce ne sont pas les noms des candidats qui comptent le plus, mais le programme de chacun, et si nous aurons des garanties que des personnes honnêtes se présenteront, il sera clair que nous allons les soutenir. Nous avons des compétences et les moyens, ce qu'il faudrait avoir c'est une vision pour faire sortir le pays de la crise." À la question de savoir quel bilan ferait-il des élections législatives et locales de cette année, M. Benbitour répond : “Je n'accorde aucune importance à ces élections. Actuellement, les partis politiques sont dans l'incapacité de faire des changements y compris en 2014, il faut élargir le débat à la société, l'Etat et l'économie nationale sont en dérive, et je me demande ce que peuvent bien apporter des partis politiques formés trois semaines avant les élections ?" M. Benbitour qui considère tous les maux que vit notre société (crise identitaire, discorde religieuse, régionalisme, marginalisation de l'élite) traduisent la fragilité de l'Etat, signale que le changement viendra de l'intérieur et non pas des pressions étrangères, car explique-t-il, “nos dirigeants ne font pas confiance à leur peuple, or les Printemps arabes ont prouvé qu'avoir de bonnes relations avec les grandes puissances de ce monde, ne veut rien dire, le cas Moubarak en est le parfait exemple, qui mieux que lui parmi les leaders arabes avait d'étroites relations avec les USA". Concernant enfin l'économie algérienne, il expliquera que si la manne financière permet au pays d'être à l'abri pour les trois prochaines années, mais qu'au rythme où vont les choses, les recettes de la fiscalité pétrolière seront menacées. “Quand on parle de pétrole, on parle des devises qui arrivent directement à la banque d'Algérie. Cette dernière les transforme en dinars et ainsi 64% de la fiscalité sont injectés dans le fonctionnement du pays. Ce qui veut dire que si demain le baril passe à moins de 70 dollars, il n'y aura aucun dinar dans les caisses. Les devises ne servent qu'à importer. Il faut donc prendre les mesures nécessaires, malheureusement l'Etat ne fait rien dans ce sens, pour preuve, le Conseil national des énergies ne s'est pas réuni depuis 10 ans !" D B