Résumé : Je me présente à la rédaction pour demander la réintégration du rédacteur en chef. J'étais prête à reprendre mon travail à cette seule condition. Mon directeur est étonné. J'insiste sur le fait que ce n'était qu'un malentendu professionnel et que ce rédacteur n'avait pas pris la décision de m'intimider tout seul. J'eus enfin gain de cause. Des messages m'attendaient au bureau,qui m'allèrent droit au cœur. Je n'étais donc pas seule. Je n'étais pas seule à lutter pour une cause juste. Je ne voulais ni soulever les masses, ni déclarer la guerre, ni heurter l'ego des hommes. Je n'étais qu'un instrument médiatique. Une femme qui souffrait de la situation de ses semblables. Des heures durant, je ne cessais de recevoir des femmes et répondre au téléphone. La sympathie de mes collègues me motiva. La plupart d'entre eux vinrent me féliciter et me remercier pour mon geste envers le rédacteur en chef. A la fin de la journée, je n'avais plus qu'une seule envie : rentrer chez moi et me mettre au lit pour dormir le plus longtemps possible. Youcef me dépose à la maison et s'en va faire des courses. A son retour, il me trouva allongée sur le tapis du salon, dormant à poings fermés. La nurse était partie et Mehdi jouait tranquillement dans sa poussette. Il tente de me réveiller ; mais si je l'entendais, je ne pouvais lui répondre. Mes lèvres refusaient de prononcer et ma langue d'articuler. Je n'en pouvais plus. Mes nerfs risquaient de craquer.Youcef me soulève dans ses bras et me met au lit. Il s'occupa de Mehdi et de tout le reste. Au matin, j'entrouvris les yeux. J'avais dormi comme je ne l'avais pas fait depuis fort longtemps. Youcef dormait encore. Je me lève sur la pointe des pieds et me dirige vers la chambre de Mehdi. Mon fils dormait comme un ange. La nuit avait donc été paisible pour tout le monde. Je m'étire avant d'aller me préparer un café noir et serré. J'avais besoin de toutes mes forces physiques et morales pour affronter une nouvelle journée. Je devrais me rendre au siège des femmes en difficulté, pour une réunion, vers la mi-journée. Les organisatrices avaient reçu leur autorisation et préparaient leur manifestation. Youcef se réveille à son tour et me rejoint dans la cuisine : -Alors... ça va mieux ? -Oui... beaucoup mieux. Je manquais de sommeil ; cela fait des jours que je ne dormais plus ou pas assez. -Hum...tu reprends donc avec tes jérémiades. -Quelles jérémiades ? Tu parles de ma rubrique. Toi aussi tu es pour la discrimination. Il lève une main suppliante : -Arrête. Ne commence pas. Je voulais juste te taquiner. Mehdi se met à pleurer : -Je crois que nous l'avons réveillé. -C'est toi qui l'as réveillé. Tu fais toujours les choses à l'envers, Youcef. Sans lui laisser le temps de riposter, je cours vers la chambre de mon bébé. Il avait faim, et je m'empressais de lui donner sa soupe et son biberon. Rassasié, Mehdi souriait de toutes ses dents. Il était adorable dans son petit pyjama bleu-ciel. Je le serre dans mes bras...Il met ses menottes autour de mon cou et se met à me mordre les joues et les oreilles. Je l'aimais tant, mon petit bout'chou. Youcef me rejoint, une tasse de café à la main : -Alors, on s'est calmé ? -Tu parles de moi ou de Mehdi ? -Des deux...On dirait qu'il a hérité de ton caractère. -Eh bien c'est tant mieux. Il saura, plus tard, que sa mère n'était pas une bonne à rien. -Et qu'elle a combattu contre vents et marées pour la liberté et les droits de la femme. -Oui, et je continuerais... Je continuerais, Youcef. Mehdi sera très fier de moi lorsqu'il comprendra que je n'ai fait que mon devoir de journaliste et de femme. -De toute façon, tu as marqué un point au rédacteur en chef. Je hausse les épaules : -Tu t'attendais donc à quoi ? -Oh à peu près à ce que tu as fait. Je te connais assez pour savoir qu'au fond de toi même tu n'es pas aussi mauvaise que tu veux en donner l'air. -Moi mauvaise ? (À suivre) Y. H.