Le système de santé algérien a atteint un tel état de délabrement qu'il rajoute à la maladie au lieu de la soigner. Loin d'accabler les compétences qui, sans moyens adéquats, arrivent à faire des miracles, il s'agit plutôt de l'absence d'une politique de santé. Absence couplée à une gestion anarchique, cette “politique" n'a donné qu'un gouffre qui a absorbé des budgets faramineux pour des résultats “lamentables". Ils n'ont pas totalement tort ceux qui qualifient les établissements de santé de mouroirs. Et cette situation n'est pas l'apanage du secteur public puisque le syndrome de la négligence a affecté même certaines cliniques privées. À l'instar des autres secteurs, la santé n'a pas échappé à l'improvisation, au laisser-aller. Et les dysfonctionnements ont atteint une gravité proportionnelle à la souffrance des patients. La gestion de la maladie du cancer illustre bien cet état de déliquescence. Idem pour les médicaments. Les importations sont en constante augmentation, mais les pénuries persistent. Autres paradoxes, on trouve des responsables chargés de la gestion dans des structures publiques associés dans les cliniques privées. Et ce n'est pas un hasard si l'un d'eux a suggéré au ministre le remboursement des frais exorbitants de chimio et radiothérapie pratiquées dans le privé par la sécurité sociale. La traçabilité des médicaments dans les établissements publics. Outre l'échange régulier d'accusations entre la pharmacie centrale et les hôpitaux, il n'y a aucun moyen de contrôle de la destination des médicaments distribués aux établissements. Des patients, devant la rareté de certains médicaments et matériels, sont obligés de se les procurer ailleurs mais ils s'avèrent provenir des stocks internes. On sait bien d'où vient cette mauvaise santé du pays. Encore faut-il une volonté politique pour y remédier. n