Hormis le départ du DG d'Algérie Poste, le ministre des PTIC a répondu favorablement à toutes les revendications. Il aura fallu le déplacement de Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication en personne chez les postiers pour désamorcer la crise qui a secoué le secteur de la Poste le paralysant en grande partie durant une douzaine de jours. La reprise ne s'est pas fait attendre et elle est prévue pour aujourd'hui après d'âpres négociations entre la tutelle et les délégués des travailleurs loin de toute représentation syndicale de l'UGTA ou autres. Les grévistes, cependant, ne se sont pas contentés, cette fois-ci, de simples paroles exigeant un engagement écrit et signé de la main même du premier responsable du secteur. Le ministre s'est exécuté répondant favorablement à toutes les doléances hormis celle relative au départ du DG d'Algérie Poste. Sur le pied de guerre, depuis très tôt dans la matinée d'hier, les postiers étaient nombreux à scander des slogans exprimant beaucoup de colère et un ras-le-bol général, mais surtout une détermination à ne pas lâcher prise malgré tous les désagréments causés aux citoyens. “Nous sommes conscients du préjudice, mais il faut nous comprendre. Nous ne pouvons plus continuer à accepter de travailler dans de mauvaises conditions et toucher des salaires indécents", se sont plaints la plupart des grévistes que nous avons rencontrés hier à la Grande-Poste d'Alger. Ces derniers ont décrit l'absence de toute visibilité dans le fonctionnement de l'entreprise et le fait d'être privés de tous les avantages que peut offrir leur profession. M. Benhamadi, venu rencontrer les travailleurs, a pris le temps de les écouter et de s'engager de prendre en charge leurs doléances avant de s'entretenir en aparté avec les porte-parole. Donnant son accord de principe pour ce qui concerne la revendication inhérente à l'application à compter du 1er janvier 2008 de la grille de salaires approuvée en 2010, M. Benhamadi a précisé, à l'occasion, que “cette question sera examinée dans le cadre de la commission mixte chargée de la révision de la convention collective". En plus de la prime annuelle accordée, il a été convenu aussi de mettre en œuvre le contenu de la convention signée entre Algérie Poste et le partenaire social (approuvée par le CA en mai 2011) portant sur les points suivants : la promotion horizontale et verticale des travailleurs remplissant les conditions requises, l'enrichissement de la nouvelle nomenclature des postes de travail et le repositionnement des travailleurs sur les fonctions réelles exercées. Il a été décidé également, en accord avec le SG de l'UGTA, de procéder à la révision de la convention collective en vigueur pour élaborer un document référentiel de gestion du secteur de la Poste dans toutes ses dimensions. Autrement dit, il est attendu une vision plus claire pour chaque travailleur de l'établissement concernant sa carrière et des procédures transparentes en matière de recrutement, de désignation à des postes et d'évolution dans les fonctions de responsabilité. Le contenu de l'accord parle aussi de l'intégration dans la convention collective de la prime annuelle dont le montant sera fixé par le CA et versé aux travailleurs après publication des comptes sociaux et l'encouragement des personnels proches de la retraite en leur accordant des avancements leur permettant de bénéficier des pensions appropriées et d'une retraite confortable. Pour cela, un groupe d'experts en matière de relations de travail sera chargé d'élaborer des propositions à soumettre pour examen et enrichissement. Autre fait saillant concerne la décision de charger l'inspection du Travail de procéder, en collaboration avec les inspecteurs du MPTIC, à un audit sur la gestion des ressources humaines au sein de l'entreprise depuis 2003 et d'intégrer les personnels relevant du dispositif du préemploi et ceux du contrat de travail aidé à l'issue de l'accomplissement de la période réglementaire. Les grévistes, visiblement excédés, ont dénoncé les agissements de M. Tchoulak, président de la Fédération des travailleurs de la Poste et des TIC, tout en réclamant son départ et l'ouverture d'une enquête à son propos. “La Poste n'est pas sa propriété privée", dénoncent-ils, lançant, par ailleurs, un appel à Sidi-Saïd, SG de l'UGTA. “Quelle que soit l'issue de cette grève et même en cas de règlement du conflit, il faut vite renouveler les instances syndicales et remplacer les actuels représentants sinon nous rejoindrons le Snapap", menacent-ils. N S