J'ai beau zapper entre les chaînes françaises pendant la prise d'otages d'in Amenas pour en savoir un peu plus, je n'ai trouve que des commentateurs remontés qui répétaient la même question en boucle : quel sort les terroristes allaient réserver aux otages occidentaux et combien étaient-ils ? Ils en avaient l'estomac littéralement noué. Et à force de tripoter les chiffres les plus fantaisistes et les plus contradictoires sans même en vérifier la source, ils ont fini par focaliser toute l'actualité politique de l'Hexagone sur le sujet. Pour certains spécialistes appelés à la rescousse dans les studios, ces hommes retenus contre leur gré sont pour les djihadistes une aubaine, une plus-value négociable et échangeable contre une rançon de plusieurs millions de dollars. Pour d'autres, ils représentent au contraire un visa de sortie pour les terroristes, la garantie de leur fuite en cas d'échec du périmètre des opérations. Dans la confusion générale, des stations se sont mises à accuser ouvertement les Algériens de n en faire qu'à leur tête comme s'il leur fallait la permission de régler un problème intérieur... à l'intérieur de leur territoire. Des chancelleries leur ont aussitôt emboîté le pas. David Cameron, selon ceux qui l'avaient approché était rouge de colère. Un ancien responsable du GIGN français, qui n'a jamais eu affaire qu'à des petits braquages de banque en banlieue et prises d'otages de quelques clients, s'est même permis de nous proposer avec beaucoup de condescendance ses recettes personnelles pour déloger les tangos du site. Mais à aucun moment, que ce soit les journalistes, les consultants ou les envoyés spéciaux, personne n'a eu le moindre mot de compassion pour les 600 Algériens piégés à In Amenas. Ce sont des hommes eux aussi et ces locaux comme vous les appelez dans vos compte rendus ont le droit de vivre et n'ont pas vocation à mourir. Cela vous l'avez pitoyablement occulté et vous vous êtes discrédités à nos yeux. M. M.