Le “groupe des onze" se déclare “déterminé à tout faire pour arrêter le feuilleton de concessions faites par les autorités algériennes à la France pour enclencher une guerre à nos frontières". Onze partis politiques et des organisations pour la défense de la mémoire et la souveraineté ont accusé ouvertement, hier à Alger, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, d'être “directement impliqué" dans la crise malienne. Lors d'une conférence conjointement animée au siège du MSP, par les chefs du MSP, d'Ennahda, du FJDC, du FNA, d'El-Fedjr El-Djadid, du FAN, du RPR et du PEP, et des présidents d'organisation, ces derniers reprochent à Bouteflika (et son gouvernement), d'une part, la décision prise “en solo" d'autoriser les avions de l'armée française de survoler notre territoire pour mener la guerre contre les groupes terroristes au Nord-Mali et, d'autre part, son silence pendant et après les évènements d'In Amenas qui ont fait réagir, pourtant, tous les présidents et les Premiers ministres des puissances mondiales. “Le président Bouteflika s'est illustré par son absence lors de l'attaque d'In Amenas ; il a démontré une fois de plus qu'il n'est pas concerné par les citoyens du pays qu'il gouverne (...). Cela confirme son implication dans la crise malienne", a fulminé Ahmed Bensaïd, président de l'Organisation pour la défense de la mémoire et la souveraineté, non sans rendre hommage à l'Armée nationale populaire (ANP) pour avoir pris la “décision responsable" de neutraliser au moment opportun le groupe terroriste qui s'est attaqué au site gazier de Tinguentourine. Plus percutant, Ahmed Gouraya, président du Front des jeunes démocrates pour la citoyenneté (FJDC), demande clairement à Bouteflika de “dégager". “Monsieur le président ‘harimta' (vous êtes fini) et ‘tab j'nanek', alors vous n'avez qu'à partir et passer le flambeau aux jeunes ; dégage !", s'est-il écrié, arrachant des applaudissements nourris de l'assistance. Abdelkader Merbah, le président du Rassemblement populaire républicain (RPR), n'a pas été plus tendre avec le chef de l'Etat. Il se demande “comment un malade peut-il traiter une personne saine". “Pendant longtemps, on a recouru à la poésie pour dire à ces gens de dégager. Aujourd'hui, nous le disons clairement : système, dégage !" À l'instar de tous les intervenants à cette conférence, M. Merbah a tenu à rendre hommage aux éléments de l'ANP qui ont su déjouer le traquenard d'In Amenas. Toutefois, il regrette qu'on utilise l'armée seulement dans des situations d'urgence. Le président du RPR accuse les autorités civiles de faire appel à l'ANP à chaque fois qu'elles ont besoin de “corriger leurs erreurs". Selon ses propos, les responsables militaires n'auraient pas été consultés sur la décision d'ouvrir le ciel algérien aux avions français. Dans une déclaration politique adoptée à l'issue de la réunion, dimanche dernier, des responsables de parti et d'organisation pour la défense de la mémoire et de la souveraineté, lue à l'ouverture de la rencontre d'hier par Naïma Salhi, présidente du Parti de l'équité et de la proclamation (PEP), le “groupe des onze" se déclare “déterminé à tout faire pour arrêter le feuilleton des concessions faites par les autorités algériennes à la France pour enclencher une guerre à nos frontières". “De par notre initiative, nous voulons construire une sorte de mur pour faire face à toutes les tentatives étrangères portant atteinte à la souveraineté nationale ; nous voulons dépasser les discussions partisanes et tous les clivages pour renforcer le front national", a expliqué Abou Djerra Soltani, président du MSP, désigné porte-parole du groupe. Les signataires de cette déclaration revendiquent notamment “la révision de la décision d'autoriser les avions français de survoler le territoire algérien". Soltani parle désormais de “la volonté du pouvoir à tromper l'opinion publique". S'il dénonce les actes terroristes commis dans le Nord-Mali et le reste de la sous-région du Sahel, le “groupe des onze" estime que le dialogue, défendu dans un premier temps par Alger, reste encore la meilleure solution pour dénouer la crise au Mali. F A