Le président israélien a invité, hier, son homologue syrien, à Jérusalem, pour de “sérieuses” discussions de paix avec les responsables israéliens. “J'invite le président syrien à venir à Jérusalem pour rencontrer les responsables (israéliens) et lancer des négociations sérieuses”, a déclaré Moshe Katsav sur les ondes de Radio Israël. “M. Assad sera le bienvenu, mais il ne doit pas poser de conditions préalables”, a-t-il ajouté, en précisant que “les intentions, le degré de sérieux et les motivations” à l'origine de l'appel du président syrien à renouer le dialogue avec Israël seront testés par des “canaux secrets” avant toute rencontre à Jérusalem. Les négociations entre les deux pays, théoriquement en état de guerre, ont avorté en 2000. Elles ont capoté sur la question du retrait israélien du plateau du Golan, conquis en 1967 par l'armée israélienne et annexé en 1981. La Syrie veut récupérer la totalité du plateau, mais Israël juge ce territoire stratégiquement important pour le contrôle du lac de Tibériade, son plus grand réservoir d'eau douce. À la fin de l'année 2003, la Syrie a encouragé les Etats-Unis à relancer le dialogue entre Damas et Tel-Aviv. Katsav a lancé son invitation alors que le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a conditionné le retour à la paix avec la Syrie par l'arrêt de tout soutien à des “agents terroristes”. Mme Dalia Yitzik, chef du groupe parlementaire travailliste, s'est félicité devant des journalistes de l'initiative du président Katsav qu'elle a qualifiée d'“importante” et “faisant contrepoids à l'intransigeance du Premier ministre Ariel Sharon”. La députée Zeehava Gal-On, du parti de gauche laïque Meretz, a de son côté approuvé M. Katsav qui, a-t-elle soutenu, “fait preuve d'une attitude très responsable, contrairement à M. Sharon, qui refuse toute occasion de dialogue de paix”. Le député du Likoud (droite) Ehud Yatom a, en revanche, fustigé l'invitation faite au président syrien, estimant dans une déclaration devant la presse qu'elle constitue “un camouflet à M. Sharon, car ce dernier exige de M. Assad qu'il cesse d'abord de soutenir le terrorisme”. Israël est prêt et désireux de négocier avec la Syrie, si le régime de Damas cesse de soutenir le “terrorisme”, a affirmé dimanche dernier le Premier ministre israélien lors d'une conférence de presse. “Nous voudrions négocier et parvenir à la paix avec tout pays arabe (...). Bien entendu, nous sommes prêts à négocier avec la Syrie”, a indiqué M. Sharon. Ce dernier a, par ailleurs, estimé que la “Syrie est sous pression depuis la fin de la guerre en Irak”, notant que la Syrie “est soupçonnée d'assurer une couverture au terrorisme en Irak et de coopérer avec l'Iran dans le terrorisme”. M. Sharon a également souligné qu'au “moment où la Syrie parle de reprendre des négociations avec Israël, elle aide le Hezbollah (une milice chiite libanaise), qui continue à agir avec les Gardiens de la Révolution iranienne contre Israël” à partir du Liban. H. A / A. Le président syrien décline l'invitation Damas a rejeté, hier, l'invitation du président israélien, ne la jugeant pas sérieuse. Le ministre syrien des Expatriés, Boussaïna Chaâban, cité par CNN, a déclaré : “Nous avons besoin d'une réponse sérieuse, ce qui n'est pas le cas. Une réponse sérieuse c'est dire oui, nous sommes intéressés par la paix, nous voulons négocier.” Le ministre palestinien Saeb Erekat, commentant l'initiative de Katsav, a dit espérer qu'un dialogue éventuel entre Israël et Damas ne se fasse pas aux dépens des Palestiniens. “Nous ne permettrons pas qu'une voie (vers la paix) soit obstruée par une autre”, a affirmé Erekat à la presse.