Le président du Conseil de l'Ordre des médecins de la région centre pense qu'il devient urgent de remettre la santé au cœur de la politique et lui consacrer un Conseil de gouvernement axé notamment sur les actes de prévention. Le Dr Bekkat Berkani, qui intervenait dans le cadre du Forum du quotidien DK News, relève l'état préoccupant de la santé en Algérie, en particulier celui du secteur public, victime d'une gestion administrative centralisée ne laissant pas de place à la réflexion et à la proposition. “Pour mieux lutter contre les cancers, il faut agir tôt. Pour le diabète, il faut essayer d'influer sur le mode négatif de consommation des Algériens. Il ne faut pas se contenter de petites campagnes. Même chose pour les maladies cardiaques. Il faut frapper les imaginations." Même s'il concède que les budgets de la santé ont été conséquents ces dernières années, il considère que leur gestion et leur utilisation “ont été faites d'une façon chaotique. Ce qui a provoqué des conflits sociaux, des disparités régionales et des erreurs fondamentales dans le fonctionnement des espaces publics de santé. Et surtout une perte de confiance de la part du citoyen dans le secteur de la santé publique". Il insiste : “Il y a des mesures à prendre sans plus attendre. Réactiver la lutte contre les maladies chroniques, en particulier le plan anticancer, et assurer la disponibilité des médicaments anticancéreux." Le président du Conseil de l'Ordre de la région centre suggère la tenue rapidement des assises de la santé pour discuter de tous les sujets liés à ce dossier et prendre des décisions à court, moyen et long terme. “Nous sommes en train de patiner actuellement en dépit d'une embellie financière. Pourquoi demande-t-on à un malade qui s'adresse à un hôpital public de faire ses analyses dehors. Il faut essayer de comprendre pourquoi des pays comme la Tunisie et le Maroc ne transfèrent plus leurs malades et pourquoi leurs agences viennent recruter chez nous des patients pour un transfert pour des soins à l'étranger." Selon lui, il y a des choses à revoir aussi, sur le plan du personnel médical. “Des professeurs dépassés par l'âge occupent encore des chaises alors que les plus jeunes désespèrent d'attendre. Même le pape a démissionné." Selon les statistiques en sa possession, près de 6 000 médecins algériens “tournent en rond dans l'Hexagone parce qu'on ne les emploie pas convenablement. C'est l'hémorragie. Est-ce qu'on va continuer à former pour les autres ?" Sur un autre chapitre, il affirme que le Conseil de l'Ordre des médecins a pris des mesures contre l'exercice de la médecine alternative. “Dix médecins généralistes dans l'Algérois ont été destinataires d'un avertissement. Pour le reste de ceux qui pratiquent la saignée (hidjama) et qui ne sont pas médecins, leur cas relève du trouble à l'ordre public". Le Dr Bekkat Berkani soutient, en outre, avoir recensé des dérives concernant les plaques et les qualifications annonçant la fonction. “Nous allons prendre des sanctions et mesures conservatoires", annonce le conférencier en insistant sur l'uniformisation des ordonnances. Pour ce qui est des plaintes contre les médecins accusés d'avoir commis des erreurs médicales, il déclare avoir reçu une centaine en deux ans. D'autres ont été déposées directement à la justice. N H