Une réunion, prévue mardi prochain, sera consacrée à définir les modalités d'action, en cas de refus par le chef de l'Etat de leurs exigences. Une autre réunion est prévue mardi prochain, au siège du FLN. Maintenant que le groupe des “dix” a posé ses conditions pour la tenue d'un scrutin transparent et libre, d'aucuns s'interrogent sur les suites qu'aura à leur donner le pouvoir, incarné par le président Bouteflika. Va-t-il céder à ce qui s'apparente à une véritable “mise en demeure” ou alors, fera-t-il la sourde oreille ? Connaissant le tempérament de l'homme, peu enclin à céder à la pression — l'exemple de la gestion de la crise de Kabylie est suffisamment édifiant— et de surcroît, happé par l'obsession d'un second mandat, nul aujourd'hui ne se fait d'illusions, quant à la réponse qu'il va réserver à la demande des candidats. D'ailleurs, un avant-goût vient d'être donné par son fidèle lieutenant et néanmoins puissant ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni, depuis Béchar. “Si demain il y a fraude, il faudra la mettre sur le dos des partis, du moment que les bureaux de vote seront contrôlés et surveillés par les représentants des candidats”. Avant lui, c'est Ahmed Ouyahia qui jugeait, lors du conseil national du RND tenu à la mi-décembre, que le “départ de l'Exécutif n'était pas nécessaire puisque, avait-il justifié, les élections de 2002 étaient les plus transparentes depuis l'indépendance”. C'est dire, a priori, que le président Bouteflika n'est pas disposé à lâcher du lest. À vrai dire, il est difficilement imaginable, de voir un président se séparer à quelques mois de l'élection d'une “camarilla” qui lui a fait allégeance. C'est pourquoi, le groupe des “dix” a d'ores et déjà anticipé sur ce refus plus que probable. C'est ainsi que les candidats vont se retrouver pour une autre rencontre mardi prochain, au siège du FLN à Alger. Au-delà de la symbolique, une marque de solidarité au parti, au centre des attaques du cercle présidentiel, les candidats vont se pencher sur la stratégie à entreprendre pour contenir la “machine de la fraude”. Outre d'éventuelles actions de rue, le groupe va également évoquer un éventuel retrait collectif, même si là aussi, la perspective est peu probable d'être retenue. En tout état de cause, toutes les pistes seront explorées, la finalité étant, bien entendu, de ne pas laisser à l'actuel locataire d'El Mouradia de “jouer sur du velours”. En attendant cette réunion, le groupe des “dix” va évaluer au courant des prochains jours le “retour d'écho” du communiqué rendu public avant-hier. Et contrairement à ce que certains tentent d'accréditer, cette charte n'est pas destinée à proprement parler à Bouteflika, autant qu'elle vaut par le souci d'attirer l'attention de l'opinion nationale et particulièrement internationale mais aussi, de “qui de droit” sur les conséquences d'une élection dans les termes avec lesquels elle sera organisée. “La nation algérienne vit une phase historique dangereuse. La crise politique est désormais doublée d'une impasse institutionnelle provoquant la confusion dans l'opinion nationale et internationale. La déstabilisation de l'Etat est accélérée par l'asservissement des institutions qui contraste avec l'annonce salutaire de la neutralité de l'institution militaire”, relève le communiqué. Une façon comme une autre pour les candidats de tirer la sonnette d'alarme. “Qu'on ne vienne pas demain nous dire que nous ne savions pas”, semble suggérer le communiqué… K. K.