Comme aujourd'hui, par un temps maussade, le 27 février 1995, six terroristes identifiés comme tel ont lâchement assassiné à Birkhadem mon épouse et mère de mes trois enfants, Nadia Boukhors. Pendant ces 18 longues années, sachant que ses bourreaux ont bénéficié de l'absolution du crime qu'ils ont commis, nous n'avons cessé, mes fils, ses sœurs et moi-même, de ressentir un sentiment de frustration et d'injustice. Nadia a été abattue de plusieurs balles, un acte prémédité et commandité par ceux qui pensaient pouvoir réaliser dans notre pays un Etat théocratique en tuant toutes les Algériennes et tous les Algériens susceptibles de s'opposer à leur projet. Nadia n'était pas la seule victime de l'idéologie obscurantiste ; beaucoup d'autres personnes innocentes, algériennes et étrangères, ont été et continuent à être à ce jour la cible de la barbarie intégriste. Je voudrais à cette triste occasion évoquer, en guise de rappel et d'appel pour le refus d'oublier, quelques noms de ces victimes et quelques massacres collectifs, œuvre de la folie islamiste, qui doivent être ancrés à jamais dans la mémoire de toutes les générations. Je m'incline devant la mémoire de la première victime du terrorisme, le jeune Amzal. Je m'incline devant la mémoire de Benhamouda, Belkaïd, Sanhadri, Boucebsi, Belkhanchir, Flici, Liabès, Boukhabsa, Djebaïli, Hardi, Djaout, Alloula, Hasni, Medjoubi, Abada, Mekbel, Bouslimani, Aslah, Mokhbi, Yefsah et des centaines d'autres valeurs que l'Algérie ne produira peut-être jamais. Je m'incline devant la mémoire des centaines des journalistes et professionnels de la presse. Je m'incline devant la mémoire des milliers des membres de l'ANP, des services de l'ordre et des Patriotes qui ont donné leur vie pour que l'Algérie demeure républicaine. Je m'incline devant la mémoire des centaines d'imams et des religieux de toutes confessions assassinés pour leurs convictions ou pour avoir refusé de cautionner la violence au nom de l'islam. Je m'incline devant la mémoire des dizaines de milliers de personnes habitant des hameaux isolés, victimes de massacres collectifs, surpris la nuit dans leur sommeil et abattues à la hache ou égorgées. Je m'incline devant la mémoire de khalti Aïcha que j'ai bien connue, morte de chagrin après que les monstres terroristes l'eurent obligée à assister au supplice de ses trois jeunes fils, égorgés l'un après l'autre pendant toute une nuit. Je m'incline devant la mémoire de ammi Ali, ancien moudjahid, récemment décédé, et qui était, lui aussi, contraint d'assister en 1997 au viol de ses trois filles par une quinzaine de barbus déterminés à lui faire payer son engagement pour l'Indépendance de l'Algérie. Je m'incline devant la mémoire de la cinquantaine de personnes du complexe gazier d'In Amenas, froidement exécutées par des terroristes avides de sang. Je m'incline devant la mémoire des innocents de la Twin Trade Center dont les corps ont été pulvérisés en 2011 sur ordre d'une organisation islamiste criminelle. Je m'incline devant la mémoire de toutes les personnes assassinées à travers le monde au nom d'une idéologie intégriste. Je m'incline enfin devant la mémoire de tous les martyrs de la liberté. Djamil benrabah