Cheikh Bachir Bouzid, une figure de la région, jouissant d'une grande notoriété est décédé dans la nuit de vendredi, à l'âge de 88 ans. Enterré le même jour, après la prière du dohr, il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule estimée à plusieurs milliers de personnes. Le défunt, un “aalem" (théologien) au port majestueux, qui incarnait piété, sagesse, savoir, et des valeurs fondées sur les préceptes de l'Islam, était issu d'une lignée d'imams et cheikhs de zaouïas profondément nationalistes ; lui-même imam enseignant (comme feu son frère cheikh Djelloul, disciple de Ben Badis, qui avait étudié à Djamaa Ez Zitouna) officiait, à titre gratuit, dans diverses mosquées et zaouïas dont celles de Sidi Mohamed (Medjadja) et Sidi Bouzid (Mostaganem). Fils de cheikh Bouzid Bouzid dont il avait été l'élève (le “talib"), à 14 ans, il avait achevé l'apprentissage du Coran. Depuis, et sa vie durant, il n'aura de cesse de parfaire ses connaissances et transmettre ce qu'il avait appris. Sa bibliothèque bien fournie contient de précieux ouvrages. Ancien moudjahid, il connaîtra la torture et la prison dans les geôles coloniales. A l'indépendance, titulaire d'un BS2, il s'avèrera un bon pédagogue dans l'enseignement qu'il exercera jusqu'à la retraite. Veillant à l'instruction et à l'éducation de ses enfants (aujourd'hui cadres), il les poussera dans leurs études. La vie de hadj Bachir Bouzid a été bien remplie : cavalier émérite, il a participé à de nombreuses fantasias dans les années postindépendance ; exploitant ses terres, il trouvait le temps de se rendre et séjourner dans différentes zaouïas où sa présence était recherchée et très appréciée, il était aussi constamment sollicité lors de contrats de mariage, mais encore pour régler des différends pour lesquels il se prêtait de bonne grâce. Il se déplaçait, même âgé et malade et sur de longues distances, pour rendre visite à d'autres malades et les réconforter. Avec son frère, feu hadj Djelloul, il fondera la mosquée de Bouhalouane (Boumedfaa). Guide spirituel, homme de caractère et de décision, l'allure imposante dans sa tenue traditionnelle immaculée d'homme du culte, il incarnait une noblesse, une grandeur qui forçait le respect. Pétri de qualités d'humanité, de générosité, de droiture et de loyauté, modeste, affable et bon, il jouissait d'une grande estime. Cultivé, d'une grande ouverture d'esprit, il était aussi un homme moderne. A sa mort, les témoignages corroboraient son image de saint. “De tels hommes laissent un vide que rien ne peut combler. Ils sont irremplaçables", regrettait une dame âgée dans la maison du défunt. Cheikh Bouzid est parti dans la sérénité, un sourire perceptible sur ses lèvres. Paix à son âme !