Christopher Ross, qui n'est pas en odeur de sainteté à Rabat, a annoncé la couleur : son compte rendu doit reconduire la mission de la Minurso en avril, une mission inachevée, selon lui, par la faute qu'il a imputée implicitement à la partie marocaine. Christopher Ross, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, est déterminé à relancer la solution onusienne dans le conflit maroco-sahraoui. L'ancien diplomate américain se rend dans la région du 20 mars au 3 avril 2013 pour finaliser le rapport annuel de la situation dans le territoire sahraoui, à remettre au Conseil de sécurité qui devra statuer sur la reconduction de la Minurso, la force internationale de paix dans l'ancienne colonie espagnole dont le processus de décolonisation a été stoppé et détourné par le Palais royal marocain. Christopher Ross, qui n'est pas en odeur de sainteté à Rabat, a annoncé la couleur : son compte rendu doit reconduire la mission de la Minurso en avril, une mission inachevée, selon lui, par la faute qu'il a imputée implicitement à la partie marocaine. L'envoyé spécial onusien, et il l'a dit à plusieurs reprises ces derniers temps, a accepté la mission que lui a confiée le Conseil de sécurité pour un seul objectif : “Permettre aux Sahraouis l'exercice de leur droit à l'autodétermination", consacré et réitéré depuis les années 1970 par la communauté internationale, laquelle, même si elle n'a pas fait preuve de diligence, n'a jamais reconnu ni le fait accompli marocain ni ses tergiversations et manœuvres. Mohammed VI a, en effet, reconduit le dessein de son père Hassan II d'annexer définitivement le Sahara occidental, appelé “Provinces du sud". Il a même tenté de faire sortir de son cadre le conflit en récusant l'envoyé spécial de l'ONU. Mais le bras de fer du monarque chérifien n'a pas duré longtemps : le temps que la communauté internationale redécouvre ses velléités colonialistes. Mohammed VI a vite été contraint de faire marche arrière et de reprendre langue avec Ross. Le procès et le jugement des prisonniers de Gdeim Izik, le refoulement des parlementaires européens, les empêchant de visiter le territoire du Sahara occidental, les prises de position des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch ont, par ailleurs, fragilisé davantage la position marocaine. Les tentatives désespérées de Rabat de présenter le conflit maroco-sahraoui comme un “conflit d'intérêts avec l'Algérie" n'ont jamais pris et se sont même révélées contre-productives, au point où Mohammed VI s'est vu contraint de faire les yeux doux à des pays africains, en attendant que son pays reprenne sa place au sein de l'Union africaine dont l'ancêtre, l'OUA, l'avait exclu justement pour son occupation du Sahara occidental. Aujourd'hui, il ne resterait que la France officielle à soutenir le Maroc dans ses prétentions coloniales, mais l'intervention de François Hollande au Mali et le rôle prépondérant de l'Algérie dans la région du Sahel, reconnu par tous, à commencer par la France et les Etats-Unis, ont créé une situation qui, pour le moins, n'est pas favorable au Palais royal marocain. La propagande marocaine tendant à faire croire à l'implication du Front Polisario, le mouvement indépendantiste du peuple sahraoui, aux côtés des terroristes islamistes d'Aqmi et du Mujao, deux franchises d'Al-Qaïda dans le Sahel saharien, ont fait long feu. Le président français qui se rendra au Maroc, début avril, ne méconnaît pas ces données, lui dont les forces spéciales sont sur le terrain des opérations dans le Nord Mali contre les djihadistes de toutes nationalités, sauf sahraouie. Son ministre de la guerre n'a jamais évoqué une telle présence. Reste à savoir si François Hollande a également compris que la réussite pérenne de son opération dépend d'une manière ou d'une autre de l'issue du conflit maroco-sahraoui. Christopher Ross, lui, l'a compris dès sa prise de fonctions. D. B