Peut-on comprendre le Sud, lorsque toutes les décisions sont discutées au Nord, entre gens du Nord ? Oh que non ! Pourtant, et ce n'est pas nouveau, le monde a de tout temps fonctionné ainsi. Cette grille de lecture n'a jamais changé, même si les époques ont changé. Aujourd'hui, toutes les richesses naturelles proviennent des régions du Sud. Et l'on continue encore à se contenter de ne voir dans ces contrées lointaines, qu'un seul côté de la médaille. Celui des “réserves". Quelle dramatique erreur que de négliger l'autre revers. Quelle méprise que de croire que le Sud ne regorge que de minerais, de gaz, de pétrole, voire même une manne touristique, lorsqu'on sait voir. Mais, il y a aussi sur ces terres, un autre gisement... humain. Des femmes et des hommes, connus pour leur légendaire quiétude à la mesure du grand désert. Mais ne dit-on pas que dans la vie, tout à une limite ? Aujourd'hui, cette limite a été franchie. Les gens du Nord ont dépassé les bords ! Egalité des champs ! Les gouvernements successifs de ce pays ont tous été frappés de cécité. Quel paradoxe. Ils n'ont vu du grand Sahara que ce qu'il y a de moins visible. Tout ce qui se trouve être sous terre. À aucun moment, ils ne se sont doutés que cette immense étendue est également peuplée d'être humains comme eux. Des femmes, des enfants et des hommes qui ont les mêmes besoins que toutes les autres populations du Nord. Pourtant, cette pratique qui consiste à venir s'installer ailleurs que dans ses propres bases, et négliger toute vie et activité humaine locale, l'Algérie a eu à la subir avec les différents pouvoirs coloniaux. Il est vrai que ce n'est pas tout à fait pareil, que c'est quand même entre Algériens, mais, à cette différence près, le sentiment de frustration est le même ! Tout est tourné au Nord. C'est là qu'on réfléchit, qu'on décide pour les destinés du Sud... sans même prendre la peine, de les associer, ne serait-ce qu'aux tâches les plus subalternes. En tant que main-d'œuvre. Rien ! Nada ! Même les chauffeurs de véhicules et agents de sécurité, entre autres fonctions qui nécessitent une parfaite connaissance des sites, sont dépêchés des wilayas du nord du pays. Une place au soleil ! Le quotidien dans l'Eden et les oasis du Sahara algérien, le plus beau et plus grand de la planète terre, vire au cauchemar pour ces populations. L'oued, pourtant tari dans ces contrées arides, est sorti de son lit. Les gens ont besoin de travail. Il y va de leur survie. Eux, qui tiraient leurs seules ressources de l'activité touristique ne trouvent plus de quoi se sustenter depuis que le voyageur étranger se fait de plus en plus rare. Notamment, depuis les dernières tensions politiques liées au Sahel. Aujourd'hui, et c'est tout à fait légitime, les jeunes du Sud lorgnent les hydrocarbures. Ils veulent avoir aussi leur chance. Avoir une place au soleil. Etre reconnu en tant qu'Algérien, égal à celui du Nord et prétendre ainsi à des postes de travail au sein de leur région. Ils l'ont d'ailleurs exprimé dernièrement haut et fort. Apparemment, leur message est parfaitement parvenu à qui de droit. Les dernières tensions sociales du Sud ont retenu toute l'attention du gouvernement. Ainsi, pour apaiser les esprits et réparer ces injustices, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal n'a nullement l'intention de prendre à la légère cette sensible attente, comme ce fut le cas avant lui, depuis l'indépendance. Des directives administratives concrètes ont été aussitôt données dans ce sens à tous les responsables des wilayas concernées. La réaction première d'Abdelmalek Sellal à ce mouvement de protestation fut de reconnaître toute la légitimité d'une telle demande. Une première dans les annales d'un responsable politique. En général, pour tout dialogue, la réponse à une manifestation de ce genre a été le bâton. Voilà, enfin, arrivé le jour où l'on ne mord pas la main qui nous nourrit ! Chômage, zéro % ! Autre aspect sérieux de la question de l'emploi à reconsidérer : les chiffres de croissance et de chômage. Il va peut être falloir arrêter de prendre au premier degré les résultats “flatteurs" de l'ancien gouvernement qui, derrière des bureaux cossus, “arrondissait les angles" pour plaire au roi. Qu'importe que l'on soit à dix ou vingt pour cent, qu'importe l'avis du FMI, qui vient nous narrer la fable du corbeau et du renard... Ne compte que la réalité du terrain, aussi amère soit-elle ! “Tout flatteur vit au détriment de celui qui l'écoute...", dit-on. Pourtant le peuple s'est toujours refusé d'écouter ces courtisans de la cour... mais la cour continuera-t-elle encore longtemps à les écouter ? Aujourd'hui, l'heure n'est plus à l'écoute de ces bouffons du roi, mais à leur audition, ose-t-on espérer ! N'oublions quand même pas que c'est justement de ces sols du Sahara que beaucoup de flatteurs se sont enrichis ! R. L..