Résumé : Azad se lève un peu tard et décide de passer la journée dans son club de tennis. Katia l'avait contacté dans la matinée, et il avait senti son hésitation. Quelque chose clochait. Sa marâtre, aussi sournoise qu'elle l'était, n'avait pas accepté son invitation pour rien. D'ailleurs, la soirée durant, elle n'avait pas cessé de lui poser des questions. Prenait-elle encore des antidépresseurs ? Si c'était le cas, elle devrait se faire suivre par un psychiatre. Pourtant, ce n'était pas ce que son père avait insinué. Zahia, selon lui, avait transité par une phase assez complexe, il y a plusieurs années. Azad savait que sa marâtre ne l'aimait pas et ne l'aimera jamais. Hier, elle avait dû fournir un effort surhumain pour venir chez lui et faire honneur à son dîner. Quelque chose lui échappait. Le jeune psychologue avait assez d'expérience pour comprendre de quoi est capable un être humain à la conscience malmenée. Zahia n'avait pas l'âme en paix. Elle souffrait. De quoi au juste ? Azad se promet de découvrir toute la vérité sur elle. Le lendemain, un soleil rayonnant inondait la ville. Azad se réveille avec l'étrange sensation que quelque chose d'important l'attendait. Il comprit tout de suite qu'il avait donné rendez-vous à plusieurs patients dans la matinée et se hâte de se préparer. Il travailla jusqu'à la mi-journée, puis se rappelle qu'il devait se rendre chez son père. Il se rappelle la voix triste de sa sœur au téléphone, et décide d'aller l'attendre devant son lycée. Ils iraient peut-être déjeuner ensemble quelque part. Cela la changera de sa routine, et lui fera plaisir à coup sûr. Il y avait foule à l'entrée de l'établissement. De nombreux véhicules étaient déjà stationnés aux alentours. Des parents attendaient leurs enfants. Il y avait aussi quelques policiers qui régulaient la circulation et permettaient aux élèves de traverser la route sans encombre. Azad se gare juste en face du lycée, afin de ne pas rater sa sœur à sa sortie. Il restait à peine une minute avant la fin des cours de la matinée. Comme on était un mardi, Katia sera libre toute l'après-midi. La cloche retentit. Le grand portail s'ouvrit et un flot d'élèves des trois années secondaires inonda tout de suite les trottoirs et la chaussée. Azad baisse la vitre de son véhicule et agite la main afin de héler sa sœur qu'il avait déjà repérée. Elle discutait joyeusement avec quelques jeunes filles, avant de prendre congé et de traverser la chaussée. Azad actionne son klaxon pour attirer son attention. Elle relève alors la tête, non pas pour se diriger dans sa direction, mais pour monter dans un autre véhicule stationné non loin de là. Surpris, Azad tendit le cou pour remarquer que sa sœur embrassait un vieil homme. Un homme qui avait bien plus que l'âge de son père. Azad se demanda qui ça pouvait être. A la façon dont l'homme regardait sa sœur tout en lui caressant la joue, il comprit. Tel un fauve, il bondit de son véhicule et se dirigea vers eux, sans prendre en considération les nombreux coups de klaxon et les crissements de pneus sur la chaussée, alors qu'il traversait. A coup sûr, il aurait pu se faire heurter par un véhicule venant en sens inverse et se casser le cou, n'était la vigilance du policier et la vitesse réduite à laquelle on circulait à cet endroit. Le jeune homme arrive juste au moment où l'homme avait remis le moteur en marche et s'apprêtait à démarrer. - Arrêtez ! Arrêtez ! L'homme se retourne vers lui, et à la manière dont Azad le regardait, il comprit. Sans perdre de temps, il ouvrit la portière du passager et pousse d'un coup de coude Katia qui tombe tel un lourd paquet sur le trottoir. Sans plus attendre, il démarre en trombe. En deux enjambées, Azad fut près de sa sœur. Il lui tendit la main et l'aide à se relever, avant de tenter de repérer le véhicule qui venait de démarrer. Mais ce dernier avait trouvé le moyen de le semer, en se faufilant à travers les longues files et les petites ruelles mitoyennes. - Tu n'as rien ?, demande Azad à sa sœur, qui n'était pas encore revenue de son émotion. - Non, ça va, dit-elle en époussetant ses vêtements, avant de ramasser ses affaires. Azad la prend par le bras et se met à la secouer : - Qui était cet énergumène ? Elle lui jette un regard suppliant et il comprit. Elle avait peur d'un scandale au portail de son lycée. Déjà quelques passants et des élèves se retournaient et les regardaient curieusement . Azad se radoucit et lui prend la main avant de la pousser devant lui : - Allons dans ma voiture. Elle le suit docilement et monte à côté de lui. Il jugea plus prudent de changer de lieu et se dirigea vers un parking où il se gare à l'ombre d'un arbre. Il tire le frein à main et remonte les deux vitres, avant de se retourner vers sa sœur : - Alors qui était ce merdeux ? Elle se mordit les lèvres et deux longues larmes coulèrent sur ces joues. Impassible, Azad reprend d'une voix plus calme : - Katia, j'aimerais savoir qui est cet homme ! Elle renifle : - Un ami. Azad prend une longue inspiration. - Un ami ? Tu connais au moins son âge ? (À suivre) Y. H.