L'expert financier plaide pour la mise en place d'un fonds souverain doté de 50 milliards de dollars, avertit sur les conséquences de la crise économique mondiale sur notre pays, si les bonnes réformes ne sont pas menées. La crise économique mondiale, qui menace beaucoup de pays développés, représente une formidable opportunité de croissance pour l'économie algérienne, a estimé, hier, Kamel Benkoussa, Partner chez Goldenberg Hehmeyer LLP, Hedge Fund macroéconomique américain, expert en finance, lors d'une conférence à l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP) Lido Bordj El-Kiffan. Kamel Benkoussa a dressé un tableau alarmant sur l'état de l'économie mondiale. Selon ce trader, le moteur de la croissance des pays du G20 est aujourd'hui à l'arrêt. Le monde occidental est entré dans une grave récession dont personne ne peut encore en mesurer la gravité. Pour comprendre l'ampleur de cette crise, l'expert financier évoque des chiffres qui parlent d'eux-mêmes. Les 10 pays les plus endettés du monde représentent ensemble plus de 147 000 milliards de dollars. Les dettes de l'Italie, de la France, de l'Espagne, de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal représentent 26 000 milliards de dollars, alors que le plan de sauvetage européen est doté de seulement de 2 000 milliards de dollars. Aujourd'hui, au niveau mondial pour sortir de cette crise, il faudrait quasi éponger 50 000 milliards de dollars de dettes, “au minimum". Le ratio de dette chinoise sur son produit intérieur brut dépasse les 300%. “L'histoire nous rappelle que lorsqu'il y a défaut de dette souveraine, cela entraîne une série de défauts", affirme Kamel Benkoussa. Qu'est-ce qui va se passer ? Selon l'analyse du Fonds Goldenberg-Hehmeyer, certains pays européens ne pourront pas payer leurs dettes, et donc feront défaut. “Ils appelleront cela restructuration mais, cela sera un défaut. Une grande partie de leur dette sera annulée", estime M. Benkoussa. “Avec le défaut des gouvernements et des banques qui se profile, on risque d'avoir une fermeture complète des marchés financiers", prévoit-t-il. Quel serait l'impact sur l'économie algérienne ? La contraction de l'économie mondiale entraînera la baisse de la demande mondiale en pétrole et donc inéluctablement une chute de son prix. Résultat : les revenus de l'Algérie provenant essentiellement des hydrocarbures ainsi que les recettes de l'Etat vont baisser. Par ailleurs, la monétisation de la dette des grandes puissances fera courir à notre pays le risque d'une inflation importée. Une étude du FMI effectuée sur une base de données économiques de 1 800 à nos jours indique qu'entre le premier défaut et l'apparition de l'inflation dans les économies, il s'écoule en moyenne 3 années. Dans cette situation, M. Benkoussa évoque, aussi, l'accroissement de la compétition pour l'attractivité des investissements directs étrangers. Beaucoup de pays se battent pour pouvoir attirer le maximum d'investisseurs directs étrangers et créer de l'emploi. “En Algérie, on nous explique vu qu'on a plus de 183 milliards de dollars de réserves de changes, on n'a pas besoin d'investisseurs. C'est une erreur totale", estime l'expert. Kamel Benkoussa est convaincu que l'Algérie est un pays qui a de grandes potentialités, qui peut se métamorphoser, changer complètement son modèle économique, “si les bonnes décisions sont prises et des bonnes réformes sont menées". Il pense que cette crise pourrait être une opportunité unique pour rattraper son retard économique accumulé durant les dernières années. “L'Algérie doit aller à la vitesse supérieure. Si on ne le fait pas, on va continuer à gaspiller nos ressources naturelles et le déficit public risque de se creuser davantage", souligne M. Benkoussa. “L'Algérien qui a 20 ans aujourd'hui se retrouvera, en 2025, avec un pays démuni de levier, donc ne pouvant plus décider de son avenir, sans ressources et totalement vulnérable", a-t-il ajouté, suggérant l'idée d'un fonds souverain, doté de 50 milliards de dollars, comme une des solutions qui ont permis à des économies qui étaient dans la même situation que l'Algérie de s'en sortir. M. R. Nom Adresse email