ALGER- La crise des dettes souveraines a fortement pesé sur l'activité économique mondiale en 2011, menaçant de plonger une partie de l'Europe dans la récession, et a écorné la solvabilité des Etats-Unis qui, en évitant de justesse le défaut de paiement a aggravé son endettement et failli perdre son sceau d'excellence. La crise de la dette qui a démarré en Grèce avec un ratio de plus de 160% du PIB, avant de gagner l'Irlande, le Portugal (101,9%), l'Italie (120%), l'Espagne, puis progressivement toute la zone euro, a généré une "spirale défavorable" liant dette publique, secteur bancaire et économie mondiale. Actuellement, les dix pays les plus endettés du monde représentent ensemble plus de 147.000 milliards de dollars, alors que le système financier mondial doit en effacer 50.000 milliards pour pouvoir atteindre le bout du tunnel, selon Kamel Benkoussa, directeur auprès du cabinet londonien ''Goldenberg Hehmeyer". D'après les dernières Perspectives économiques de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la contagion récente de pays dont les finances publiques étaient réputées relativement saines, comme la France pourrait considérablement aggraver les perturbations économiques" et faire "basculer l'économie des pays de la région dans une récession que la politique monétaire aurait bien du mal à contrecarrer". Ainsi, la détérioration continue des finances publiques de l'Eurogroupe et les "incertitudes" qui caractérisent la conjoncture mondiale, en l'absence d'un consensus élargi sur le règlement de la crise, ont généré une forte croissance des coûts de financements'', les pays peinant désormais à se financer sur les grandes places financières. N'obéissant plus désormais aux fondamentaux, les marchés financiers ont tout au long de l'année réagi à l'information, et la récente mise sous surveillance négative de 15 des 17 pays de la zone euro par l'agence américaine de notation Standard and Poor's, a non seulement resserré l'étau sur les pays en crise, mais également sur les autres Etats de la zone euro, comme l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande, la France dont la dette publique représente 85,3% du PIB, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique ( 97,2%). Par ailleurs, les Etats-Unis qui ne sont pas parvenus à rétablir la santé de leurs finances publiques, plombés par la dure récession qu'a traversée leur économie de fin 2007 à mi-2009, ont évité de justesse le défaut de paiement par l'accroissement de leur endettement mais leur statut d'emprunteur a été largement écorné, la dette publique du pays ayant cette année perdu, pour la première fois dans son histoire, sa note de triple "A" auprès de l'agence de notationStandard and Poor's. La dette publique américaine a franchi au cours du quatrième trimestre de l'année la barre des 15.000 milliards de dollars. La tourmente financière européenne représente un "problème énorme" pour les Etats-Unis, reconnaissait le président américain Barak Obama, lors d'un sommet avec l'Union européenne consacré en partie à la crise de la dette souveraine. La vice-présidente de la banque centrale américaine (Fed) a aussi fait valoir que les problèmes de l'Europe avaient accru significativement les risques pesant sur l'économie mondiale" qui tourne déjà au ralenti. En ce qui concerne l'impact de cette crise sur l'Algérie, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a assuré que le pays disposait d'éléments de "solvabilité extérieure et intérieure" et souligné que le financement du budget de l'Etat se fera "sans aucun recours à l'endettement extérieur ou à l'utilisation des réserves de change du pays". Pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci, "la consolidation de la position financière extérieure de l'Algérie et la reprise de la croissance économique se sont confirmées en 2010, confortant la résilience du pays face aux chocs externes". Selon les experts, la crise financière des pays de l'UE ne devrait pas avoir d'impact immédiat sur l'économie nationale, mais ses répercussions négatives semblent évidentes à moyen terme à travers une baisse des recettes d'hydrocarbures du fait de la baisse de la consommation d'énergie en Europe, un accroissement des exportations européennes vers la rive Sud-méditerranéenne, et une précarisation de la situation de l'émigration.