La démission du poste de gouverneur de Louxor, d'Adel Al-Khayyat, membre d'une formation islamiste, impliqué dans un attentat dans cette même cité touristique en 1997, et dont la nomination avait soulevé un tollé en Egypte, constitue un revers de plus pour le président Mohamed Morsi. A l'approche des manifestations, auxquelles a appelé l'opposition pour le 30 juin prochain, le Président égyptien subit de nombreuses pressions et accumule les revers, dont le dernier en date est la démission, hier, du nouveau gouverneur de Louxor. Adel al-Khayyat a affirmé, lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision, qu'il avait décidé de "présenter sa démission au Premier ministre Hicham Qandil" parce qu'il refusait qu'"une seule goutte de sang" soit versée en raison de sa nomination. Adel al-Khayyat est un responsable du Parti de la construction et du développement, la branche politique du groupe islamiste radical Gamaâ Islamiya, qui fut à l'origine d'une vague d'attentats dans les années 1990 avant de renoncer à la violence. Pour rappel, elle avait revendiqué, en 1997, une attaque sur un site pharaonique de la région de Louxor, qui avait fait plus de 60 morts dont 58 touristes. La nomination d'Adel al-Khayyat, qui entrait dans le cadre de celles de plusieurs islamistes à ces postes autrefois presque exclusivement détenus par l'armée et les services de sécurité, a alourdi un contexte déjà tendu par des appels à des manifestations de masse contre Mohamed Morsi le 30 juin, premier anniversaire de son investiture. Parmi les contestataires de cette désignation figure le ministre du Tourisme, Hicham Zaâzou, qui a présenté sa démission, que le Premier ministre a dit avoir refusée. Par ailleurs, la nomination d'Adel al-Khayyat a aussi provoqué la colère dans le secteur touristique, très rentable avant la révolte de 2011, ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak, mais qui a depuis grandement pâti de l'instabilité sur le plan sécuritaire et politique. Des employés du secteur touristique de Louxor avaient également menacé de bloquer l'accès aux temples pharaoniques et d'autres sites antiques dont la région regorge si cette nomination était maintenue, en faisant valoir qu'elle risquait de ruiner les espoirs de reprise de cette activité. Il faut croire que la tension est telle en Egypte que des dispositions sécuritaires particulières sont prises à l'approche des manifestations auxquelles a appelé l'opposition. Ainsi, les autorités de l'aéroport international du Caire ont annoncé la mise en place un plan d'urgence du vendredi 28 juin au 1er juillet, avant les manifestations prévues le 30 juin à l'appel de l'opposition égyptienne. L'opposition revendique le retrait de confiance au président Morsi, un an après son accession au pouvoir, et l'organisation d'une présidentielle anticipée. A signaler que des forces de l'ordre égyptiennes se sont déployées dans la ville de Mahala dans le gouvernorat d'el-Gharbiya, capitale du Delta du Nil, suite aux affrontements entre des manifestants et des éléments du parti salafiste Ennour, dont le siège a été envahi et incendié par des inconnus. La ville de Mahala a été le théâtre d'affrontements armés entre des éléments salafistes et des inconnus qui s'étaient joints à une marche de protestation contre les conditions de vie et la nomination du nouveau gouverneur d'el-Gharbiya de la mouvance des Frères musulmans. M T. /Agences Nom Adresse email