Il y a ceux qui ont vu l'ours et ceux qui ont vu l'homme qui a vu l'ours, d'autres qui ont vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. Moi j'ai vu l'homme qui a vu le pape. Un seul, non. Deux papes ? Non plus. 3 papes SVP. Bref, d'une pierre il a fait trois coups. Et que les papes m'excusent du haut du Saint Siège de cette audacieuse comparaison qui m'aurait valu le bûcher, et je l'aurais mérité il y a seulement quelques siècles. De son entretien avec Benoit XVI, il en a fait un livre : Rencontre avec le pape. Que lui a-t-il dit ? Ceci : "Puissiez-vous rappeler que l'Islam représente une haute spiritualité, une voie authentique de Dieu, comme en témoignent les croyants et leur civilisation depuis 15 siècles. Cette religion révélée et universelle, proche du christianisme et du judaïsme, est le troisième rameau monothéiste, ultime étape de l'histoire du Salut." Le pape a été sensible à ce discours. On le sait aux battements de ses paupières qui sont, selon les exégètes un signe majeur d'approbation. L'islamologue algérien, qui n'aime rien moins que convaincre par le verbe et jamais par la force, ajoutera : "Au sujet de la violence, j'ai tenu à clarifier que l'islam préconise à chacun des croyants face à l'adversité, de pardonner, de patienter, de faire preuve de miséricorde." On n'ira pas jusqu'à dire que le pape a pensé se convertir à l'islam, mais le voilà face à un autre visage de l'islam. Avec sa barbe d'apôtre, Mustapha Cherif, qui aurait fait un bon Jésus dans un film hollywoodien, a sans doute donné une autre image de l'islam, à Sa sainteté qui ne le portait pas en odeur de sainteté. Jeux de mots faciles ? La faute au Ramadhan. Prix de l'Unesco Sharjah, l'universitaire algérien, fut aussi un jeune ministre en 1991 dans le gouvernement Hamrouche. Promoteur du dialogue inter-religieux et de tous les dialogues qui peuvent faire évoluer la pensée humaine vers une civilisation de la fraternité, il accueille les honneurs et les succès avec le même œil détaché. Et si on voit une lueur de fierté dans son regard, il s'empresse de préciser : "Ce n'est pas mon ego qui est flatté, mais ma fierté de citoyen algérien. J'aime être un digne ambassadeur de mon pays, j'aime ceux qui donnent une bonne image de l'Algérie." L'Algérie, mon amour. Penseur, il ne raterait pour rien au monde les causeries religieuses du Ramadhan passant ainsi avec un égal bonheur du sacré à ce qu'il y a de profane dans la science et la philosophie dont il aime débattre dans les cénacles internationaux. Le connaissant depuis longtemps, je ne l'ai jamais vu s'énerver. Il a l'enthousiasme des philosophes stoïciens qui ne sont heureux que dans l'épreuve. Cela a un nom : sagesse. H. G. [email protected] Nom Adresse email