Le mandat d'arrêt international lancé par la justice algérienne contre Chakib Khelil et plusieurs autres personnes est un "non-événement" pour l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC). Djillali Hadjadj, porte-parole de l'ONG, estime que la justice algérienne n'a pas agi de son propre gré, mais elle a "reçu l'ordre d'annoncer le lancement" de ce mandat. Même l'annonce de ce mandat d'arrêt n'est pas du goût de l'AACC. L'ONG estime encore que cette dernière "risque d'aggraver le discrédit d'une institution déjà largement décriée, la justice algérienne en l'occurrence". Elle est "peu crédible, tardive, mal faite, des informations incomplètes et contradictoires", assène encore l'association, ajoutant que "la justice algérienne s'enfonce dans le ridicule". "Là où on attendait au moins le ministre de la Justice, à défaut du Premier ministre, puisqu'il n'y a pas de président de la République, c'est le procureur général d'Alger qu'on envoie au casse-pipe, en catastrophe et dans la précipitation, quelques jours à peine après que la justice italienne eut communiqué à la presse de nouvelles révélations sur les suites judiciaires du scandale Sonatrach-Eni-Saipem", relève Djillali Hadjadj, précisant qu'à travers ces récentes révélations faites par la justice italienne, Chakib Khelil et Farid Bedjaoui étaient cités et un mandat d'arrêt international été lancé contre le premier cité. L'AACC, qui ne croit pas à la réaction "indépendante" de la justice algérienne après les récentes révélations de son homologue italienne, s'interroge sur le fait que le procureur général d'Alger "n'évoque qu'aujourd'hui le fait que le juge d'instruction en charge de l'affaire a adressé une convocation à Chakib Khelil avant le lancement du mandat d'arrêt international à son encontre ?". Une interrogation nourrie, souligne l'AACC, par la rétention de l'information sur la date de l'envoi de cette convocation. (le 29 juillet, ndlr). Elle ajoute que la réponse de Chakib Khelil, depuis son lieu de résidence aux USA, quant à son incapacité physique à se présenter devant le juge algérien, n'a pas fait réagir la justice algérienne. Laquelle, selon l'AACC, devait "solliciter son homologue américaine à l'effet d'entamer une procédure d'extradition". L'association relève aussi le fait que la justice algérienne n'a pas signifié "une interdiction de sortie du territoire comme mesure conservatoire" à Chakib Khelil alors qu'il se trouvait en Algérie. Autant de contradictions relevées par l'AACC auxquelles elle ajoute le fait que le mandat d'arrêt lancé par la justice a pris effet depuis deux semaines, mais son annonce n'est intervenue que depuis hier (avant-hier, ndlr). L'AACC estime qu'"on ne peut accorder du crédit à pareille justice, souvent impitoyable et injuste envers un justiciable ordinaire", et qui "aujourd'hui veut nous faire croire qu'elle peut aussi s'en prendre aux puissants", alors que "Chakib Khelil aurait dû être convoqué dès 2010, année du déclenchement des premières enquêtes relatives à l'affaire Sonatrach 1". "La justice algérienne n'est pas lente", ajoute encore l'association, précisant qu'elle est "aux ordres de l'Exécutif et du pouvoir". Cette situation a fait qu'elle "bloque les enquêtes quand on le lui ordonne et elle fait des annonces opportunistes pour faire croire qu'elle agit et en essayant de tromper l'opinion publique qui ne se leurre plus". En dernier lieu, l'AACC préconise à la justice algérienne de laisser faire son homologue italienne et que le pouvoir doit cesser "de faire du chantage sur le gouvernement italien et sur le groupe ENI", pour que ces derniers "fassent pression à leur tour sur la justice italienne pour qu'elle arrête de rendre publiques des révélations accablantes contre des dirigeants algériens". M. M Nom Adresse email