L'escalade entre la Russie et les Etats-Unis, dont les relations sont au plus bas, a donc repris après une très brève accalmie qui n'aura duré que les quelques secondes de la poignée de main entre Vladimir Poutine et Barack Obama pour l'ouverture du sommet jeudi. Obama et son hôte se sont regardés en chiens de faïence tout au long du G20 organisé par Poutine, chez lui, à Saint-Pétersbourg. L'ex-patron du FBS, héritier du KGB, est resté inébranlable sur les frappes contre le régime de Bachar al-Assad. Niet, pas d'intervention punitive sans l'aval du Conseil de sécurité. Une sorte de réponse du berger à la bergère. La Russie a implicitement rappelé qu'elle se réservait toujours le droit d'exercer son droit de veto, comme elle l'a fait précédemment par trois fois. Et cette fois-ci, il n'y pas que Pékin à suivre la position russe. Les grands pays émergents comme le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud ont affirmé à Poutine leur refus des frappes, contestant à Obama le droit qu'il s'est arrogé comme redresseur de torts. François Hollande s'est fait l'avocat de son homologue américain, sans succès, même pas au sein de l'Union européenne où la tendance est également le passage par l'ONU et la publication des résultats de ses enquêteurs sur l'emploi des armes chimiques en Syrie ainsi que sur leur commanditaire qui n'est pas encore identifié; pouvoir syrien et rébellion se renvoyant la balle sans preuves réelles. Poutine a donc réussi à imposer la question syrienne comme sujet numéro un du G20 alors qu'Obama a échoué à élargir son camp contre Bachar al-Assad. Comme allié, il n'a toujours que la France, le Premier Ministre britannique s'étant trouvé contraint de faire machine arrière suite au refus de son Parlement de lui accorder un chèque en blanc pour envahir Damas. Enhardi, Moscou s'est même payé le plaisir de mettre en garde à Saint-Pétersbourg devant les autres "Grands" du moment, Washington contre toute frappe de sites chimiques syriens, dont la presse britannique a révélé que ces armes avaient été massivement livrées par Londres. Même le pape s'est résolument placé du côté des Russes. Le chef du Vatican dont les chars sont symboliques a écrit à Poutine pour lui dire combien il condamnait toute attaque sur le peuple syrien déjà suffisamment meurtri. Ban Ki-moon de l'ONU n'en pense pas moins, lui qui n'a en tête que Genève II et la médiation de Lakhdar Brahimi. Celui-ci a exhorté les 20 à mettre en œuvre la solution diplomatique. Il sait de quoi il parle, lui qui est très familier du puzzle moyen-oriental. L'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Mme Samantha Power, n'a pas trouvé mieux que d'accuser Moscou de "prendre en otage" le Conseil de sécurité, verrouillant, avec la Chine, tout projet d'attaque. Un air de guerre froide ? Moscou a également continué vendredi à renforcer sa flotte près des côtes de son allié syrien, que Washington voudrait bombarder car il l'accuse d'avoir tué des centaines de civils à l'arme chimique le 21 août, dans la guerre civile qui déchire le pays. Le dénouement de tout cela est attendu le 9 septembre, date officielle de la rentrée des parlementaires américains qui seront appelés à se prononcer pour ou contre les frappes d'Obama. Le président français, en difficulté chez lui, qui a refusé le vote parlementaire au prix d'une crise politique avec son opposition et même au sein de sa majorité, voire de son propre parti, attend également le vote du congrès US. Une certitude, la France n'ira pas seule à Damas et si elle le fait sous le parapluie américain, elle signera son grand retour au sein de l'Atlantisme. Il est loin le temps de Chirac, l'ami des Arabes. D. B Nom Adresse email