Des membres du comité-directeur continuent d'exiger la reddition des comptes à Me Benissad qui rejette les accusations portées contre lui et parle, pour sa part, de tentative d'OPA sur la Ligue. Rien ne va plus au sein de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh). Créée en 1985, du temps de la redoutable sécurité militaire (SM) que les Algériens désignaient sarcastiquement par sport et musique, par des militants de la cause démocratique qui ont fait leur classe dans la clandestinité comme Ali Yahia Abdenour ou encore Saïd Sadi, la Laddh s'enfonce depuis quelques mois dans une crise sans pareille et dont on ne peut prédire l'issue. Après la procédure de retrait de confiance à l'actuel président, Me Benissad, décidée par des représentants de certaines sections locales, des procédures judiciaires ont même été engagées contre lui pour exiger un bilan détaillé des finances de l'organisation et la passation de consignes avec l'ancienne direction incarnée par Me Bouchachi, devenu depuis député du FFS. "Il y a deux jours, nous avions adressé une sommation de reddition de comptes au président de la ligue via un huissier de justice et demain nous saisirons le président du tribunal d'Alger (Sidi-M'hamed) pour faire ce qu'on appelle une ordonnance sur pied de requête afin que celui-ci désigne un huissier chargé de ramener les documents liés au bilan financier", ont déclaré, hier, des membres du comité-directeur lors d'une conférence de presse conjointe organisée à la Maison des syndicats à Alger. Ces membres du comité-directeur dont Me Dabouz, président de la section d'Alger, Mme Naïli Djabria, secrétaire générale, Kamel-Eddine Fekhar, membre de la section de Ghardaïa, Yacine Zaïd de la section de Laghouat et Kadour Chouicha, responsable du bureau d'Oran, ont décidé de recourir à ces procédures car, disent-ils, "ils n'ont perçu aucune volonté chez l'actuel président pour faire la passation de consignes et l'établissement d'un bilan financier". Et s'ils exigent aujourd'hui un bilan financier, c'est parce qu'ils s'interrogent sur le sort d'un don de l'UE et d'une somme estimée à 4 000 euros octroyée par une ONG à la Laddh, perçus à Tunis par l'actuel président, soutiennent-ils. "On veut que les comptes soient expertisés par un commissaire aux comptes et validés par les bailleurs de fonds", réclame Mme Naïli. "Nous ne sommes ni manipulés ni des manipulateurs", soutient-elle, histoire sans doute de répondre à quelques accusations dont ils sont la cible. "Nous ne lâcherons pas, nous ne laisserons pas la Laddh dériver", promet, pour sa part, Kadour Chouicha. Selon lui, "Benissad a une mentalité de dictateur". "Différentes sections ont demandé de l'aide. Des jeunes chômeurs d'Ouargla ont réclamé des avocats, on leur a répondu qu'il n'y avait pas d'argent. On pensait que la ligue n'en avait pas et on découvre après qu'il y a des milliards", accuse de son côté Kamel-Eddine Fekhar. Bouchachi est-il responsable de cette situation ? "On demande le respect des procédures quels que soient les hommes. On a demandé à Benissad d'interpeller Bouchachi pour faire la passation de consignes et s'il le refuse qu'il fasse une déclaration de carence", soutient Me Dabouz. "On ne demande que la transparence". Et la crise est-elle liée à des enjeux politiques ? "La ligue n'a aucun complexe pour travailler avec n'importe quel organisme pour peu que cela serve les droits de l'Homme. Ali Yahia (dont ils disent qu'il les a confortés dans leur position) a bien défendu les dirigeants de l'ex-FIS, tout comme il a soutenu la CNCD. On est là pour les droits de l'Homme dans la transparence et la démocratie", reprend Me Dabouz. Tentative d'OPA ? Interrogé par Liberté, le président de la Laddh, Me Benissad, a essuyé d'un revers de main les accusations de ces protestataires qu'il soupçonne de chercher à faire une OPA sur la ligue. "Je l'ai déjà dit, ce petit groupe affilié à une organisation syndicale s'est infiltré et veut prendre en otage la ligue. Il a un appui matériel, politique et logistique de la part de cette organisation syndicale. Ce sont des réunions anti-statutaires. On a toujours présenté des rapports moraux et financiers devant le conseil national. Ce groupe, lorsqu'il a vu qu'il est minoritaire fait dans l'agitation médiatique", dit-il. "Ils sont mal placés, il y a une tentative d'OPA lancée depuis longtemps. La ligue refuse d'être un instrument de violence verbale ou politique, ni d'être dans des agendas politiques et politiciens. Nous ne sommes ni l'opposition ni dans l'opposition. Notre rôle est la défense des droits de l'Homme. Ils sont mal placés, d'ailleurs, les bureaux d'Alger, d'Oran et de Ghardaïa n'ont même pas fait de bilans", ajoute t-il. Alors que les membres du comité-directeur ont annoncé avoir lancé la procédure d'élection des membres pour le congrès de conformité en application des nouvelles dispositions de la loi sur les associations, Me Benissad annonce, lui, la tenue du conseil national pour le 4 octobre prochain, tandis que l'AG de conformité se tiendra le lendemain, soit le 5 octobre, date anniversaire des événements d'Octobre 88. K. K Nom Adresse email