Des journalistes et amis du dramaturge sont revenus dans une ambiance conviviale sur le parcours et la vie de cet artiste de caractère "affable" La pléiade d'universitaires et d'hommes de lettres qui se sont relayés sur la scène de la salle de conférences de la maison de la culture Hassa El-Hassani, étaient unanimes à reconnaître la particularité de l'œuvre du dramaturge Abdelkader Alloula et son important apport à son art. Compagnons, intellectuels et hommes des médias ont tous soutenu que le défunt avait donné au théâtre algérien une touche particulière qui utilisait le "goual" comme principal personnage pour faire passer ses messages. Pour le professeur Abderrezak Ghrissi, Alloula a un côté intellectuel qui peut être défini comme l'intellectuel organique dans le sens que donne Gramsci au terme ; il est considéré aussi comme un intellectuel rebelle par rapport au pouvoir politique en place. D'ailleurs, il a été parmi ceux qui ont averti sur les risques engendrés par la gestion bureaucratique des affaires de l'Etat à travers sa pièce La sangsue qui a été prémonitoire de ce qui allait arriver en Algérie. Son théâtre a utilisé un nouveau discours qui a bousculé les idéologies et l'ordre imposé dans une conjoncture marquée par la violence, une position qui a mis sa vie en danger. Le journaliste Mohamed Kali qui l'a beaucoup côtoyé retient de lui sa simplicité et son caractère affable qui, dit-il, forcent le respect chez ses interlocuteurs. Et de relater un souvenir où il lui déclarait, en 1992, que le temps est venu pour qu'on parle au peuple d'amour dans une conjoncture où rien ne reste pour les sentiments et où la parole est confisquée. Excellent communicateur, il savait parler avec la presse quand cela est nécessaire, contrairement aux autres qui utilisaient la presse pour faire la promotion de leur image ou pour les besoins de la manipulation de l'opinion. Lorsqu'il était invité à s'exprimer sur un sujet, il le faisait pour donner des explications et des repères sur la situation, car, pour lui, toute déclaration n'est pas que des mots sans importance mais un engagement. Le journaliste et écrivain Bouziane Benachour distingue deux périodes dans l'œuvre de Alloula : celle antérieure à 1994 et celle qui est venue après. En effet, la période antérieure était celle d'une presse apprivoisée par le pouvoir en place même si elle avait de la sympathie pour les pauvres et les exclus, une presse qui parlait des masses populaires comme le faisait Alloula dans ses pièces. La période postérieure à 1994 a mis le dramaturge dans la même tranchée que tous les intellectuels et du monde de la presse. Il n'avait pas peur de faire des déclarations à la presse au péril de sa vie au moment où d'autres se faisaient muets. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, dira encore Ben Achour, ses œuvres ont eu plus de retentissement après son assassinat et ont été montées et étudiées hors des frontières nationales. Pour Djamel Ghellab, Abdelkader Alloula est un cavalier du théâtre qui a fait aimer le théâtre aux masses grâce au genre de la halqa ou du meddah qui sont aussi des moyens qui offrent du bonheur et de la joie aux spectateurs. Certains osent sa comparaison avec Cervantès qui décrit les événements au quotidien, notamment dans son œuvre Litham qui a été prémonitoire sur la suite de ce qui a été vécu dans le pays. M E B Nom Adresse email