Les députés et sénateurs américains n'ayant pu s'entendre sur un texte, le budget — dont l'exercice débute le premier octobre — n'a pas pu être signé par le président Obama. Celui-ci a donc été contraint d'assumer le "shutdown", c'est-à-dire l'arrêt du fonctionnement des administrations et services fédéraux. Sécurité et défense exceptées, l'Etat américain ne tourne plus qu'en régime de service minimum depuis hier matin. Les deux systèmes n'ont rien à voir, mais il était impossible de ne pas noter que, chez nous aussi, les observateurs ont longtemps retenu leur souffle en voyant que le processus d'élaboration et d'officialisation du budget de l'Etat algérien était sur le point d'enfreindre les délais légaux. Mais du fait d'un Exécutif qui n'arrivait pas à accomplir la procédure légale en la matière, à savoir réunir le Conseil des ministres à l'effet d'adopter le projet de loi de finances, non du fait d'un blocage parlementaire. Pas de risque, de ce côté-là. C'est "l'avantage" de notre système : une fois le projet paraphé par le Conseil des ministres, qui n'a lui-même pas traîné dans son examen, l'on peut donc considérer le budget comme entériné. L'automaticité du vote législatif présente un côté pratique : un ou deux conseils par an suffisent à approuver les projets de texte en souffrance et l'on peut ainsi procéder à un envoi groupé vers une Assemblée et un Sénat dont on connaît et la vigilance des commissions, quand il s'agit de rejeter les velléités d'amendement, et la diligence des plénières, quand il s'agit de ratifier les textes transmis par l'Exécutif. Mais la Constitution américaine, pour démocratique qu'elle est, ne manque, certes, pas d'inconvénients. Comme celui de bloquer le fonctionnement de l'Etat. L'Etat, mais pas la vie économique, sociale, culturelle, etc., qui ne dépend pas de l'administration. Pas Wall Street dont l'activité s'est à peine ressentie du fait que le pays soit sans budget. En revanche, chez nous, il serait inconcevable de suspendre le budget : l'on se nourrit tous du budget, non de notre travail. Si bien que la vie des Algériens colle aux jours d'ouverture de l'administration, et, chaque jour, à ses horaires. L'Amérique est bloquée par trop de culte de la liberté. Parce que le T Party, extrême droite du parti républicain, et qui est à l'origine du blocage budgétaire, ne demande rien de moins qu'une espèce de liberté absolue et une absence totale d'intervention de l'administration dans l'économie et dans la redistribution des revenus : il ne veut pas d'Etat, en quelque sorte. Le chantage du T Party vise à faire reporter l'application de la loi "sociale" sur la santé, qui est pourtant au cœur du programme d'Obama ! Dans un système où il n'y a pas de place pour d'autres idéologies ou convictions que celle du "programme du Président", on ne risque pas d'avoir pareille surprise. Outre qu'un maximum de gens vivent du budget, l'on sélectionne les élus à l'entrée. Il n'y a pas d'économie ni d'idée à défendre. Là est le secret : la rente et l'apolitisme des politiques, c'est la garantie du vote automatique ! La démocratie ne va pas sans ces difficultés. Mais, c'est le prix de la liberté. L'autoritarisme est bien plus pratique, mais il suppose une base politique ligotée par la rente. La démocratie sert le développement ; l'autoritarisme se sert du sous-développement. M. H. [email protected] Nom Adresse email