Cette fête reste encore une journée propice à la joie, au retour aux sources, à la bénédiction et surtout de se rappeler la souffrance des pauvres, notamment par le biais de la traditionnelle zakat. La célébration de l'Achoura est vécue à Bouzeguène avec une grande ferveur. La population de la région est très fortement attachée à ce rendez-vous annuel, autant par cet engouement des familles à la préparation du plat traditionnel de la veille de l'Achoura (imensi n'tâachourth) que par les visites aux différentes zaouïas qui ont été bâties dans la région depuis plus d'un siècle, à l'image de Sidi Ahmed Ouedris d'Illoula Oumalou, Sidi Amar Oulhadj de Bouzeguène, et Tifrit Nath Oumalek Nath Yedjer et Sidi Abderrahmane El-Illouli. Déjà, dès l'Aïd thameqrant, la fête du Sacrifice, les familles réservent des tranches de viande de mouton pour les saler et les sécher en prévision de cette grande fête musulmane. Pour bien apprécier la cuisson de cette viande, elle sera retirée du vase de terre où elle a été conservée au moins 24 heures à l'avance. Les familles préparent des mets qui seront servis à l'occasion, consistant en général en un plat local. Le couscous est le plat traditionnel le plus prisé : bouillon de légumes à la viande salée parfois mélangée à du poulet de basse-cour de préférence et un couscous arrosé d'huile d'olive ou au smen. Toute la famille prend part à ce dîner dans une atmosphère particulière. Dans un temps récent, la vieille de la maison se réveille à l'aube pour pousser des youyous discrets autour des jarres d'huile, des stocks de blé, jadis conservés dans les ikoufane et autour de tout ce qui peut constituer une source de vie. Mais ces traditions ont tendance à se perdre dans un environnement de moins en moins en phase avec ses racines et aux coutumes ancestrales, aujourd'hui battues en brèche par des coutumes importées. Mais, malgré tout, l'Achoura reste encore cette journée propice à la joie, au retour aux sources, à la bénédiction, et surtout l'occasion de se rappeler la souffrance des pauvres, notamment par le biais de la traditionnelle zakat. L'Achoura a pris une dimension plus sociale et culturelle, marquée d'abord par les retrouvailles familiales et les visites des lieux saints de la région où plusieurs taureaux sont toujours immolés pour permettre à tous les visiteurs de prendre part au déjeuner. Ce repas serait porteur de bénédiction et de bien-être social. Dans le mausolée du marabout, des centaines de femmes, mais surtout de jeunes filles célibataires, effectuent les "sept tours" autour du tombeau du "saint", s'essuient le visage avec la soie entreposée sur la sépulture, un geste qui suppose "laver les péchés" et favoriser le mariage des jeunes pucelles. Dans la soirée, une interminable veillée des talebs, psalmodiant les soixante versets coraniques, se poursuivra jusqu'à l'aube, avant la prière d'el-fedjr. C N O Nom Adresse email