La fête de l'Achoura nous revient chaque année avec son lot de traditions ancestrales et religieuses. La préparation du dîner de l'Achoura occupe une grande part des festivités. Dès l'Aïd El Kebir, on y pense déjà. La mère de famille réserve quelques tranches du mouton de l'Aïd pour le repas de l'Achoura. Ainsi, les côtes et la queue du mouton sont découpées puis mises dans un plat en terre glaise avant que la maman ne recouvre les tranches de viande de sel et d'eau, quelques jours durant, pour obtenir le meilleur salage. Une fois séchée, la viande peut ainsi être conservée très longtemps à l'abri des poussières. Il est vrai qu'aujourd'hui, bon nombre de ménages préfère conserver la viande dans le congélateur, coupant court aux traditions léguées par les ancêtres. Les regrets ne tardent pas à apparaître lors de cette fête qui regroupe les membres de la famille dans une ambiance conviviale des retrouvailles. L'Achoura, c'est aussi ces visites aux mausolées de Sidi Ahmed Oudris, à Illoula Oumalou, et de Tifrit Nath Oumalek à Idjer. Dès le petit matin de l'Achoura, des cortèges interminables affluent vers les lieux pour effectuer un véritable pèlerinage. Aujourd'hui, c'est en fourgons que des milliers de gens, surtout beaucoup de femmes, rallient ces zaouiates fondées depuis plus d'un siècle. À Sidi Ahmed Oudris comme à Tifrit Nath Oumalek, des taureaux sont immolés pour permettre à tous les visiteurs de déjeuner. Ce repas est porteur de bénédiction et de bien-être social, dit-on. On n'oublie pas de faire les sept tours dans le mausolée du Marabout. Les femmes s'essuient le visage avec les franges de soie et autres tissus entreposés sur le tombeau du marabout. Ces gestes supposent laver les péchés et favoriser le mariage aux jeunes pucelles. La fête de l'Achoura s'achève tard dans la soirée pour les milliers de visiteurs mais se poursuivra comme elle a commencé par une veillée des talebs psalmodiant les versets coraniques. C. NATH OUKACI