La réaction du MAE algérien, Ramtane Lamamra, n'a pas réussi à éteindre le début d'incendie. Alors qu'il a minimisé la blague douteuse de François Hollande, le retour de flamme à Alger et Paris a bien ouvert une autre polémique que l'Elysée qualifie "sans fondement". À un ami qui demandait comment on aurait dû réagir, j'ai répondu que Lamamra aurait juste dû dire que "l'Algérie était également contente que Valls revienne sain et sauf de Marseille". Mais voilà, quand il s'agit de l'Algérie et de la France, la finesse n'est plus de mise. Ceux qui critiquent Abdelmalek Sellal sur sa propension à blaguer avec ses interlocuteurs ont été servis quant à la vanne, lourde de sens, que le président français a "gratuitement" faite devant une audience particulièrement in-convenue pour les Algériens. À savoir, la communauté juive de France. Vu de Paris, où l'on considère que les Algériens ont souvent le don de sur-réagir, on semble, cette fois-ci, avoir vite compris que le départ de feu était dangereux. L'Elysée a fait travailler ses équipes un dimanche pour pondre un communiqué de "regrets". Mais c'est du côté des autorités algériennes qu'on a été à la traîne de la société (comme toujours) en ne mesurant pas l'impact de cette blague sur les Algériens. Indignés (le mot est socialiste), choqués ou furieux que Hollande puisse tester son trait d'humour sur un sujet aussi sensible que la sécurité en Algérie. Société civile, partis politiques et réseaux sociaux sont saturés de réactions au vitriol contre Hollande qui vient de dégringoler également dans les sondages algériens. Déjà que le décryptage de Canal+ visant le président Bouteflika avait du mal à passer, la coupe devient subitement pleine. La diplomatie algérienne, qui avait appris à maîtriser ses nerfs face aux provocations marocaines, se voit proposer une autre polémique qu'elle a traitée sur le même registre. Sans pour autant jauger de la blessure provoquée. Maintenant que les regrets sont exprimés, rien ne dit que ce chapitre va se refermer aussi facilement. Alors que les effets du sommet Ayrault-Sellal auront duré le temps d'une blague, Hollande s'est promis d'appeler Bouteflika pour exprimer en personne ses regrets. Même si la période est aux fêtes (mais les nerfs à fleur de peau), il serait préférable que Hollande ne choisisse pas le jour de Noël pour prendre son téléphone. Après la blague "juive" et le téléphone "chrétien", la semaine serait vraiment trop chargée pour tout le monde. Nom Adresse email