Et si le projet d'un quatrième mandat n'était pas tombé à l'eau et que le récent séjour médical du chef de l'Etat en France n'était, in fine, qu'une énième manœuvre pour parer sa candidature, peu probable à première vue, de "la légitimité médicale française" ? La date de la tenue de l'élection présidentielle est enfin connue : ce sera le 17 avril prochain. C'est le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui l'a fixée hier à l'occasion de la signature du décret présidentiel portant convocation du corps électoral. Cette importante décision intervient au lendemain du retour au pays du chef de l'Etat après un séjour médical de quatre jours à l'hôpital militaire français du Val-de-Grâce. Une énième hospitalisation qui n'a pas laissé d'alimenter à nouveau la polémique sur les capacités de Bouteflika à tenir encore le gouvernail du bateau Algérie, alors que certaines voix de l'opposition se sont interrogées sur l'aptitude de Bouteflika à aller jusqu'au bout de l'actuel mandat et s'il n'y aurait pas une élection présidentielle anticipée. D'autres ont remis au goût du jour le débat sur la nécessité d'une application de l'article 88 de la Constitution. Ses partisans, eux, se sont murés dans un silence éloquent, sonnés par cette nouvelle évacuation de leur mentor en France à un moment charnière des tractations autour de la présidentielle. Pourtant, la présidence de la République a publié le 14 janvier un communiqué rassurant en évoquant "un contrôle médical routinier". "Pour parachever son bilan de santé, initié à Alger, et dans le cadre d'une visite médicale routinière de contrôle, arrêtée et programmée depuis le mois de juin 2013, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, séjourne à l'hôpital Val-de-Grâce, depuis lundi 13 janvier 2014, et ce, jusqu'au vendredi 17 janvier 2014", informait-elle. "Aucune procédure d'urgence n'a dicté ce déplacement prévu et arrêté depuis son séjour à l'institution nationale (française) des Invalides à Paris", précisait la Présidence non sans souligner que l'état général du président de la République s'améliore "sûrement" et de "façon progressive". En vain. Ce retour au bercail de Bouteflika peut bien atténuer un tant soit peu la polémique sur son état de santé sans pour autant l'évacuer définitivement du débat politique et pourrait être même un des grands thèmes de la prochaine campagne électorale. Surtout que l'ENTV s'est contentée de donner l'information de son arrivée à Alger sans l'accompagner d'une quelconque image. Ce qui n'est pas fait pour rassurer les Algériens sur l'état de santé d'un Président qui s'est limité depuis un bon bout de temps à des apparitions télévisées sporadiques qui sont loin d'être à son avantage et à un seul discours télévisé depuis près de deux ans. Il reste que ce retour du Président au pays à une journée de l'achèvement prévu de son séjour médical au Val-de-Grâce est porteur d'un message destiné à ses adversaires comme à ses partisans : "Je suis là et toujours maître du jeu !" Pour preuve, le lendemain seulement de sa rentrée au pays, il convoque le corps électoral et fixe la date de la présidentielle. Mieux, il recevra sûrement le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, attendu aujourd'hui à Alger, pour donner de la consistance à une propagande qui ne dit pas son nom sur sa capacité à avoir la haute main sur les affaires du pays. Comme il l'avait fait avec beaucoup d'autres responsables étrangers, à leur tête le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, lors de sa visite en Algérie en décembre 2013. Reste à savoir si la convocation du corps électoral va pousser les potentiels candidats à sortir de leur attentisme pour faire acte de candidature, surtout qu'ils n'ont que 45 jours à peine pour recueillir les 75 000 signatures et déposer leur dossier auprès du Conseil constitutionnel. Une chose est sûre, Ali Benflis, lui, compte officialiser, dès demain, 19 janvier, sa candidature à la candidature. Bouteflika, qui ne porte plus dans son cœur son ancien chef de gouvernement, va-t-il rester les bras croisés devant le grand effet médiatique que ne manquerait pas de provoquer cette annonce ? Peu sûr, pense-t-on, surtout que Bouteflika est réputé avoir une rancune tenace. Question : et si le projet d'un quatrième mandat n'était pas tombé à l'eau et que le récent séjour médical du chef de l'Etat en France n'était, in fine, qu'une énième manœuvre pour parer sa candidature, peu probable à première vue, de la "légitimité médicale française" ? Dans le "royaume" de Bouteflika, aucune hypothèse, même la plus saugrenue, n'est à écarter. A C Nom Adresse email