Le président russe Vladimir Poutine apporte son soutien au maréchal égyptien Al-Sissi pour la présidentielle en Egypte, soulignant que la stabilité de la situation dans tout le Moyen-Orient dépend largement de la stabilité en Egypte. L'homme fort de l'Egypte, le "tombeur" des islamistes, était en visite à Moscou pour acheter des armes. Un casus belli avec les Etats-Unis qui ont supplanté la Russie dans ce marché militaire depuis 1979, année de la signature des accords égypto-israéliens à Camp David (Washington). Les Etats-Unis devenaient ainsi le principal allié et bailleur de fonds de l'Egypte. Ils lui ont déversé des milliards de dollars d'aide pour l'accord de paix avec Israël, un moyen de "garantir" le respect de ce traité, de s'assurer un "accès prioritaire" au canal de Suez et de "soutenir" le pays le plus peuplé du monde arabe dans la guerre contre le terrorisme islamiste. En contrepartie, la Russie a plié bagage de ce pays considéré par Moscou comme sa place stratégique dans la région et dans le monde arabe. L'assassinat d'Anouar Sadate par un islamiste pour son alignement sur Washington a accru les relations américano-égyptiennes, le Congrès US ayant ouvert pour l'armée égyptienne une ligne de crédit de 1,5 MDS, reconductible chaque année. Le président Barack Obama a menacé Al-Sissi de lui couper crédits et coopération militaire, lorsque le général-ministre de la Défense mettait en difficulté, avant l'été 2013, le président post-Moubarak, Mohamed Morsi. Après des mois d'atermoiements, le président américain gèle le 10 octobre 2013 une partie de l'aide US à l'Egypte, après que le nouveau gouvernement dirigé de facto par Al-Sissi a déclenché une répression sanglante des manifestations des Frères musulmans, partisans de Morsi. Selon Amnesty International, au moins 1400 pro-Morsi ont été tués en sept mois, plusieurs milliers de partisans du chef de l'Etat déchu ont également été emprisonnés depuis sa destitution et, à l'instar de lui-même, les cadres de son gouvernement et de sa confrérie des Frères musulmans sont jugés dans divers procès pour lesquels ils encourent la peine de mort. L'Arabie Saoudite a paré au retrait d'Obama en ouvrant un crédit de 10 MDS pour Le Caire : Al-Sissi pouvait alors commencer à mettre en œuvre sa menace de détricoter les relations "contre nature" de son pays avec les Etats-Unis. Lorsqu'il se lancera à la conquête de la magistrature suprême, il va alors exploiter la rupture du lien ombilical tissé par Sadate puis Moubarak avec le Pentagone, ce qui décuple sa popularité enrichie par la dimension anti-américaine, nationaliste et patriotique. Le futur président d'Egypte s'est rendu à Moscou avec la casquette de ministre de la Défense pour conclure avec son homologue russe, Sergueï Choïgou, des accords de coopération militaire entre les deux pays. Le raccommodage entre les deux pays a été ouvert par la visite des ministres de la Défense et des Affaires étrangères russes au Caire le 14 novembre 2013, qui avaient eu lieu en plein refroidissement avec Washington, causé après la destitution de Morsi, par la répression sanglante des manifestations de ses partisans. Le séjour moscovite d'Al-Sissi va rouvrir et accélérer la coopération militaire et militaro-technique entre les deux armées. Ce dernier terme recouvre des ventes d'armes, un des domaines de pointe de la Russie. En novembre 2013, Moscou avait annoncé qu'elle allait livrer au Caire des systèmes de défense antiaérienne, et discutait de la livraison d'avions et d'hélicoptères. Le montant des contrats atteindrait 2 milliards de dollars, selon la presse russe. D. B. Nom Adresse email