Une nouvelle manifestation contre le Mondial a dégénéré en violences, saccages et 230 interpellations, samedi soir, à Sao Paulo, la mégapole brésilienne où se jouera le match d'ouverture de la Coupe du monde le 12 juin. Des milliers de personnes ont défilé dans le centre de Sao Paulo pour protester contre le Mondial-2014, qui commencera dans moins de quatre mois au Brésil. "Pas de Coupe du monde", "Mondial pour les riches, mortadelle pour les pauvres", criaient les manifestants, surveillés de près par des forces de l'ordre qui ont finalement dispersé le rassemblement en faisant usage de gaz lacrymogènes. L'été dernier, de nombreux mouvements de protestation avaient enflammé le pays lors de la Coupe des confédérations, coup d'envoi de la fronde populaire qui n'a pas l'air de se calmer malgré les promesses de la présidente Dilma Roussel, la dauphine de Lula, le «président des pauvres». Les manifestants, qui descendent régulièrement dans les rues des villes brésiliennes depuis une année pour dénoncer le chaos en raison du manque d'investissements dans le domaine de la santé, de l'éducation et des infrastructures, ont mis dans leur ligne de mire le Mondial et ses dépenses pharamineuses. Le Brésil doit investir au total 11 milliards de dollars dans l'organisation de ce Mondial-2014, qui se déroulera sur son sol du 12 juin au 13 juillet. L'Etat a misé sur la coupe en procédant à des coupes sombres sur les autres de dépenses sociales. Le 25 janvier déjà, une première journée anti-Mondial avait été convoquée, sauf à Sao Paulo. Le 6 février, un autre rassemblement en réaction aux augmentations du prix des transports en communs à Rio de Janeiro avait débouché sur des violences qui avaient provoqué un décès. Une nouvelle manifestation contre la hausse des prix dégénère à Rio. Partout des scènes de guérilla urbaines : vitrines d'agences bancaires éventrées, mobiliers urbains saccagés, feu de poubelles, barricades... Et aujourd'hui, l'explosion se déroule à Sao Paulo où se jouera le match d'ouverture de la Coupe du monde de football. La police n'a pas fait dans le détail, utilisant gaz lacrymogènes, bombes assourdissantes et arrestations massives ; 230 personnes ont été interpellées à Sao Polo dont plusieurs journalistes, bien qu'ils se soient identifiés comme tels, a dénoncé la presse brésilienne. Evidement dans ce genre de manifestations, les anarchistes radicaux des Black Blocs, vêtus de noir, le visage recouvert, trouvent également leurs comptes, s'affrontant à d'impressionnants dispositifs policiers. Dilma Roussel, socialiste, a procédé à un durcissement de la législation contre les auteurs d'actes violents lors des manifestations. Elle a ainsi fait adopter une loi antiterroriste avant le Mondial ! Des lois liberticides qui suscitent une controverse politique dans le pays, des élus craignant que cette loi anti-terroriste ne puisse criminaliser de légitimes mouvements sociaux. La présidente de gauche n'arrête pas de rassurer que sa loi ne contredit pas la Constitution qui garantit la liberté de manifestation, de penser, enfin toutes les libertés, mais qui "interdit l'anonymat", visant selon elle les manifestants à visage masqué, comme le font les militants des Blacks Blocs. D. B. Nom Adresse email