Plusieurs dizaines de citoyens, répondant à l'appel lancé via les réseaux sociaux, ont tenté d'organiser un rassemblement pour dire "15 ans, barakat !" Malmenés, bousculés ou même interpellés : tel était le sort réservé, hier, aux opposants à un 4e mandat pour le président Bouteflika qui ont tenté d'organiser un rassemblement à Alger. Tôt le matin déjà, un important dispositif de sécurité est déployé à la place Audin. À peine arrivés que les initiateurs du mouvement, tels Azouaou Hamou L'hadj, responsable de l'Association des victimes d'Octobre 1988, Amira Bouraoui, ou Yacine Zaïd, militant des droits de l'Homme, sont embarqués par la police. "Etat terroriste", "À bas le pouvoir", "Non à Oujda, non au DRS", "15 ans, barakat !" étaient, entre autres, les slogans scandés par les manifestants. "Je tenais à participer à cette manifestation pour exprimer mon opposition au régime en place et au 4e mandat de Bouteflika", raconte Benyoucef Mellouk, ancien cadre du ministère de la Justice, connu dans la presse pour avoir dénoncé les "magistrats faussaires". Pour M. Mellouk, "le changement du système en place, en écartant les responsables, devient une nécessité vitale pour la survie du pays". Une citoyenne anonyme, se joignant spontanément à la manifestation, a exprimé son ras-le-bol. "Nous sommes une famille de 7 membres qui vit dans un chalet depuis douze ans. Le pouvoir en place, et à sa tête Bouteflika, n'a rien fait pour nous", dénonce-t-elle. Les interpellations musclées des manifestants se sont succédé. Un camion de police se vide, un autre se remplit. Plus d'une vingtaine de personnes sont arrêtées, même les journalistes n'ont pas été épargnés par la police. Des photographes ont vu leur matériel saisi. La réaction musclée de la police a fait réagir la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme. "Ce jour, le 1er mars 2014, alors que se tenait un rassemblement pacifique au centre-ville d'Alger, à la Faculté centrale, pour protester contre le 4e mandat, le pouvoir algérien a bouclé toute la zone et a embarqué manu militari tous les citoyens et citoyennes venus y participer, en particulier les organisateurs de cette initiative, ainsi que le président de la Laddh, Me Salah Dabouz, et Yacine Zaïd, membre du bureau national, qui étaient venus en tant qu'observateurs", dénonce la ligue dans un communiqué. "Les agents de police ont, sans ménagement aucun, interdit à tout Algérien et Algérienne de s'approcher du lieu du rassemblement", ajoute le communiqué, qui dénonce la confiscation du matériel des photographes. Et tout en dénonçant cette "répression" qualifiée de "sauvage", la Laddh exige la libération de toutes les personnes. Pour la ligue, cette violence contre les manifestants montre que "le pouvoir est en état de guerre contre la population algérienne, et qu'à ce titre, l'union la plus large doit se concrétiser pour débarrasser le pays des clans, quels qu'ils soient, qui entraînent le pays dans la dérive". D S Nom Adresse email