Abdelaziz Belkhadem est de retour. Pas à la tête du Front de libération national (FLN), mais à la présidence de la République. Il vient d'être nommé, en effet, ce jeudi, ministre d'Etat, conseiller spécial du président de la République, un poste qu'il avait déjà occupé en mai 2005 et en juin 2008. Le retour de cet instituteur de formation ayant entamé sa carrière politique en 1972 sous l'ère Boumediène en sa qualité de directeur adjoint aux relations internationales à la présidence de la République a beaucoup intrigué. Donné pour mort politiquement en raison de sa destitution à la hussarde, le 31 janvier 2013, sans que le cercle présidentiel l'impose à ses pourfendeurs, Belkhadem revient par la grande porte et avec les honneurs. Parce qu'il n'est pas seulement nommé à la première institution de la République, mais il détient aussi un poste de souveraineté en étant ministre d'Etat. C'est dire l'importance de Belkhadem dans l'équation présidentielle. Une autre particularité de la nomination de Belkhadem au gouvernement : il est ministre sans portefeuille. Autrement dit, Belkhadem ne sera pas, à l'instar des autres membres du gouvernement, embourbé quotidiennement dans des dossiers inhérents à un département ministériel. Sa fonction sera d'être constamment à la présidence de la République, mais sans pour autant avoir des tâches particulières à accomplir. Belkhadem aura beaucoup de temps libre. Mais pourquoi faire ? Affranchi de toute obligation gouvernementale, Belkhadem s'emploiera à se frayer un chemin au FLN pour s'imposer à sa tête. Le coup de grâce donné à Amar Saâdani, l'actuel patron du FLN, depuis ses déclarations sur le DRS, ont fait de lui un pestiféré. Ayant accompli avec brio une mission qui lui a été attribuée dans le cadre d'une lutte de clans pour la présidentielle du 17 avril prochain, Saâdani est, par contre, devenu indésirable dans le microcosme politique algérois. D'où les dénonciations en salve contre lui. Belkhadem sera donc son successeur à la tête de la formation majoritaire. Mais à quels desseins ? L'objectif du retour de Belkhadem à la tête du FLN est à rechercher dans l'après-présidentielle. Etant donné l'état de santé du candidat Bouteflika, la révision de la Constitution et la nomination d'un vice-président de la République sont annoncées. Dans cette perspective, le président de la République a besoin de formations politiques pour l'appuyer dans ses démarches. C'est ce qu'il a fait dans le passé à travers la formation tripartite composée du FLN, du Rassemblement national démocratique (RND) et du MSP, formant ce qui est appelé communément l'alliance présidentielle. Cependant, parmi ce trio, Bouteflika s'est de tout temps appuyé préférentiellement sur le FLN. Pas seulement parce qu'il s'agit de la formation majoritaire au Parlement avec ses deux Chambres (Sénat et Assemblée nationale), mais surtout par rapport au profil des patrons des partis. Contrairement à Abou Djerra Soltani et à Ahmed Ouyahia, Belkhadem ne s'est jamais opposé au président de la République dans quelque projet que ce soit. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard qu'Abdelaziz Bouteflika soit le président d'honneur du FLN. N M Nom Adresse email