Avec cette mévente de production d'arrière-saison, en plus de celle de l'été dernier, la future récolte de pommes de terre risque d'être compromise. La réunion qui s'est tenue jeudi au niveau de la Chambre d'agriculture de Bouira a permis aux producteurs de pomme de terre de faire part de leur inquiétude au président de l'Association des maraîchers de Bouira ainsi qu'au président du Conseil interprofessionnel régional de la pomme de terre. Pour ces derniers, le gouvernement a pris la décision d'octroyer la subvention de 5 DA au profit des producteurs de tubercule. Cependant, l'application de cette mesure est attendue avec impatience. "Il y a 15 jours que s'est tenue l'assemblée générale de l'UNPA, et selon son secrétaire général, Mohamed Alioui, il a été convenu que cette subvention soit octroyée." Il faut dire que ces promesses ont fait survivre les producteurs de pomme de terre depuis le mois de novembre 2013, mais, à ce jour, aucun sou ne leur a été versé, comme l'explique un producteur de pomme de terre d'El-Esnam : "Nous sommes en faillite et non pas au bord de la faillite, la pomme de terre de saison nous a entraînés dans un gouffre financier immense, et la mévente s'est encore accentuée pour la récolte d'arrière-saison. Chaque producteur de la wilaya de Bouira a connu une perte sèche estimée entre 400 millions et un milliard de centimes ! Comment voulez-vous que l'on s'en sorte sans la subvention de 5 DA promise par le gouvernement ?'' Bouzini Mustapha, président du Conseil interprofessionnel régional de la pomme de terre, affirme pour sa part que les producteurs attendent impatiemment cette subvention. "Lors de la venue du Premier ministre à Bouira, on nous a promis que l'engagement de l'Etat sera maintenu au profit des agriculteurs en général et des producteurs de pomme de terre en particulier, mais ces derniers s'impatientent au vu des pressions qu'ils subissent de la part de leurs créanciers." Actuellement, il y aurait, selon Mouloud Boudhane, près de 10 000 t de pomme de terre stockées dans des garages et qui risquent d'être altérées par les conditions climatiques : "Le Syrpalac ne veut pas s'engager dans l'acquisition de notre production, Mag Soumam et Mag Sahel se rendent dans nos champs pour s'enquérir des prix, promettent de revenir mais ne reviennent jamais. La dernière fois, un producteur a envoyé un camion de pomme de terre à Bourkika (Tipasa) et on l'a renvoyé sous prétexte que la marchandise était de mauvaise qualité, alors qu'il s'agissait de pommes de terre de 1er choix. Il y a près de 10 000 t de pommes de terre stockées actuellement dans des garages, et si rien n'est fait pour écouler cette production, les dégâts seront irréversibles." D'ailleurs, on apprend auprès de notre interlocuteur qu'avec cette mévente de production d'arrière-saison, en plus de celle de l'été dernier, la future récolte de pommes de terre risque d'être compromise. Plusieurs producteurs ont décidé de ne pas renouveler leur amère expérience : "Je suis obligé de vendre mes tracteurs, mes motopompes et mes tuyaux d'irrigation afin de rembourser mes dettes de la saison dernière. Comment voulez-vous que je continue à exercer dans de pareilles conditions ?" Les frais d'une main-d'œuvre qui se fait de plus en plus rare (un ouvrier est rémunéré à hauteur de 50 000 DA/mois), la location de la terre (80 000 DA l'hectare et par saison), les dépenses liées au mazout et à l'eau, la rémunération des journaliers et autres traitements phytosanitaires sont autant de charges qui stoppent net l'ardeur des producteurs de pomme de terre. Lors de cette réunion sanctionnée par un PV, on apprendra que sur plus de 700 producteurs de pommes de terre de la wilaya de Bouira, à peine 400 préparent la saison prochaine, car les cultivateurs sont las d'attendre la subvention de l'Etat. Autant dire que la pomme de terre sera un produit très prisé et qu'il faut s'attendre non plus à une mévente, mais une indisponibilité de ce tubercule sur le marché et à des prix qui inciteront le gouvernement à procéder une fois de plus à l'importation de la pomme de terre pour faire face à la demande. H B Nom Adresse email