C'est à l'aéroport de Béjaïa, en apprenant que la Maison de la culture où il devait tenir son meeting était cernée par des manifestants, que le directeur de campagne a décidé de rentrer à Alger. Des opposants au quatrième mandat et au pouvoir en général ont contraint, hier à Béjaïa, le directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal, à annuler son meeting prévu à la maison de la culture Taos-Amrouche, au centre-ville. La situation a dégénéré avant-même l'arrivée de M. Sellal à la salle où les fans de Bouteflika l'ont attendu pendant un bon moment en... musique. Les opposants au quatrième mandat et au processus électoral en cours ont donné tout leur temps aux partisans de Bouteflika pour qu'ils "remplissent" la salle de la Maison de la culture. Le meeting de Sellal était annoncé pour 10h. Mais des centaines de manifestants étaient déjà là une heure avant. Jusque-là, les amabilités entre les deux camps n'ont pas dépassé le cadre verbal. Des slogans, des insultes et autres noms d'oiseaux fusaient de partout, pêle-mêle. "Pouvoir assassin" ; "Traîtres", "Non au quatrième mandat", ou encore en arabe "Sellal ya haggar, faqou el-fakakir" étaient autant de slogans hostiles au pouvoir scandés par la foule de manifestants. Ce qui ne tardera pas à se transformer en actes de violence. Alors que les "recrutés" de la direction (ou des directions) de campagne de Bouteflika étaient cantonnés dans la grande salle de la Maison de la culture, des projectiles hétéroclites ont commencé à pleuvoir dehors. À l'intérieur de la salle, c'est le cafouillage total. Des responsables de la direction de campagne de Bouteflika se succédaient sporadiquement au micro pour tenter de rassurer leurs troupes sur l'arrivée imminente de Sellal. Néanmoins, le doute planait toujours, tandis qu'on continuait à diffuser de la musique, à fond. La forte délégation de journalistes accompagnant depuis Alger le directeur de campagne de Bouteflika a dû vivre au rythme de la "rumeur" pendant plus de trois heures ; ils ont été ainsi priés de quitter la salle à plusieurs reprises, mais ils ont à chaque fois été rappelés à reprendre leur place. Pendant ce temps, à l'extérieur, la situation se corse de plus en plus. Il aura fallu attendre jusqu'aux environs de 13h pour que l'annulation du meeting soit définitivement confirmée, alors que Sellal n'avait pas quitté l'aéroport d'où il devait rallier la Maison de la culture. Commença alors un autre grand problème : comment quitter la salle devant la pagaille générale qui régnait dehors ? Les éléments de la Protection civile ont commencé à secourir les premiers blessés à même la grande cour de la Maison de la culture. Les éléments de la police, dont des brigades antiémeutes, se sont retrouvés impuissants devant le nombre important des manifestants. Ils arrivaient à peine à "quadriller" l'enceinte de la Maison de la culture. Les journalistes étaient contraints d'être transportés dans des fourgons blindés de la police pour rejoindre, sous une pluie de projectiles, l'aéroport où se trouvaient encore Sellal et son équipe. Aux alentours de la Maison de la culture, les affrontements se sont alors davantage accentués... F. A. Nom Adresse email