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Les discours politiques de Benflis
L'espoir démocratique contre le chaos
Publié dans Liberté le 08 - 04 - 2014

Le discours de Benflis se construit par de profondes émotions touchantes parce qu'il parle vrai. Il demeure fondamentalement présent dans un "partage du sensible". À chaque moment de ses discours politiques, il est marqué par la diffusion de multiples messages visant à influencer ses attachements, ses répugnances, ses espoirs ou ses peurs à l'égard de ses objectifs et des institutions ou des acteurs de la scène politique adverse. Sensible à l'influence de ses émotions, je ne pouvais manquer à explorer la dimension de cet homme à travers ses discours plein de vérités, émotions, espoirs et peurs, qui se départagent dans le parler.
L'espoir de M. Benflis serait une société de liberté, fruit de la récompense. Car l'humiliation ne viendrait qu'en cas d'abandon ou de la peur de la fraude. Toutes ces émotions découlent de ses nombreux discours dans cette campagne présidentielle que l'on suit pas à pas, à travers l'Algérie avec perspicacité. Je trouve, à travers ce qui me semble être la clef de voûte dans ces émotions collectives, une expression de fierté et de conviction.
Je ne vois pas un seul point dans ses déplacements sans rapport à une émotion cardinale. De Mascara à Bou Saâda. De Constantine à Téleghma, Benflis est là. Présent, malgré l'heure tardive et la pluie. Sa fierté ne s'est pas fanée un seul instant. Mais la peur, la fierté serait bafouée, dans l'humiliation si on venait à tricher les résultats. La déception remplacera la fierté et l'émotion et rien n'effacera les aigreurs et les coûteux espoirs des uns et des autres.
En 2014, dans sa campagne pour la présidentielle, l'espoir et la compassion contre l'indignation sont une combinaison qui correspondent à son courage et son humilité.
La qualité de cette recherche a été soulignée par ceux qui l'accompagnent. Je ne voudrais pas faire écho à ces éloges, tant ces discours sont de grands ouvrages où se multiplient le courage et la persévérance. Benflis a exploré la dimension humaine des Algériens longtemps méprisés par le pouvoir en place.
Dans ses discours politiques il y a beaucoup de conviction ; plus précisément, partant de l'idée que la démocratie, c'est bien sûr donner sa voix, mais qu'on ne la donne jamais "dans le silence des passions".
Il a cherché à faire émerger les différentes logiques sociopolitiques qui le conduisent à l'élection présidentielle par un recours aux logiques affectives. Celles qui touchent l'Algérien dans le cœur et dans le ventre. La dimension émotionnelle de ses discours politiques semble une évidence, pour les analystes.
Etablissant l'hypothèse que les élections présidentielles constituent une période propice à rassembler les Algériens autour d'idées neuves, Benflis active quatre registres (la liberté de la justice, le développement de l'agriculture, l'assainissement de l'industrie et une meilleure attention pour l'école). C'est ça qui a rythmé son programme politique et construit un corpus séduisant à tous les Algériens fiers de leur patrie.
Il s'en est tenu à des discours constituants des invariants formels d'un discours à l'autre : dans ses déclarations officielles, professions de foi et émissions télévisées, ces données sont identifiées comme rhétoriques, visant soit la contagion d'affects, l'induction d'affects, et l'adhésion de tout le monde. Il s'agit d'effets visés par une construction discursive, et non d'effets virtuels produits sur les destinataires. Voilà le travail pointu du magistrat Benflis.
Son analyse d'un corpus quantitativement important et abordé par une entrée favorisant les commentaires "impressionnistes", Benflis a choisi d'en proposer une approche qualitative.
Il a ainsi défini une unité des quatre registres mentionnés précédemment, un objet déclencheur (définissant une thématique) ; ainsi, M. Benflis affirme : "Une des questions qui préoccupent le plus les Algériens, c'est la protection sociale future." Un plan Marshall pour le Sahara.
Justement, cette émotion de peur relative à la protection sociale ou l'ignorance géographique du désert sont, depuis longtemps, attribuées à la partie adverse. Il est impossible de rendre compte ici de la finesse, de l'intelligence et de la prudence mises en œuvre par M. Benflis dans le codage de ses données.
La limpidité de la présentation d'une pensée, pourtant riche et complexe, reflète indéniablement l'honnêteté des discussions méthodologiques, par l'intérêt des résultats, et enfin par la diversité des références mobilisées ; en témoigne les diverses disciplines abordées par le candidat Benflis et parmi lesquelles les Algériens venus l'écouter de toute l'Algérie ont plaisir à décoder avec intérêt et à creuser afin d'enrichir l'approche des discours politiques argumentés.
F. M.
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