Au moment où les ressources financières s'amenuisent et la demande sociale s'accroît, le prochain mandat du quinquennat qui s'annonce, ne sera très probablement pas, celui de la libération facile du cercle infernal de la rente. Objectivement, aucun candidat qui sera élu, y compris le président sortant, ne peut tenir ses promesses face aux immenses attentes de la société et de l'état de notre économie. Tous les indices économiques, décortiqués et analysés par d'éminents économistes et experts nationaux ainsi que des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale...) recommandent une prudence et invitent à la rationalité dans la dépense des finances publiques ainsi que la transparence dans la gouvernance. La régression du secteur industriel (5% du PIB), pourvoyeur d'emplois, conjuguée à la montée en puissance de l'économie informelle, des lobbys de l'import (60 milliards de dollars/an) et de la corruption, rendent le prochain mandat présidentiel délicat, voire périlleux. Il suffit, qu'il y ait un retournement des cours du pétrole, ce qui est fort probable selon de nombreux experts, pour que tout le système bâti autour et sur les hydrocarbures s'écroule comme en 1988. Pour mieux comprendre l'état des lieux et les défis qui attendent le futur président, il est nécessaire de se référer aux phases successives de l'histoire économique contemporaine de notre pays. La période post-indépendance a été marquée globalement par trois grandes phases. La période 1962 à 1980 a été consacrée à l'édification de l'Etat et de ses institutions, à la mise en place d'une base de développement économique à travers, notamment, une politique volontariste d'industrialisation et de collectivisation des terres agricoles et enfin le lancement d'un vaste programme d'éducation, d'enseignement et de protection sociale à travers, notamment, la médecine gratuite. Cette vision du développement intégré (révolution industrielle, agraire et culturelle) ---- même si, implicitement, elle reposait sur un consensus national --- a été menée à la hussarde par un Etat aux "caractéristiques jacobines", seul aux commandes du pouvoir. Elle s'est accomplie cependant au détriment des libertés individuelles et collectives, avec le verrouillage du champ politique et médiatique... La période 1980- 2000, peut être considérée comme celle de l'ouverture démocratique et du fonctionnement pluraliste des institutions, sous la double pression interne et externe. Au plan interne, la gestion économique débridée, irrationnelle, au contenu purement mercantile et spéculatif - entre 1980 et 1990- avec une destruction insensée de la base économique, à travers notamment, la fameuse restructuration des entreprises, couplée à la chute brutale des revenus des hydrocarbures et à la pression autoritariste du pouvoir de l'époque sur la société, ont abouti à l'explosion d'octobre 1988 et à l'adoption de la Constitution de 1989, ouvrant ainsi la voie au pluralisme, à l'alternance au pouvoir et à l'émergence des réformes économiques. Au plan externe, la chute du mur de Berlin a annoncé la fin du bloc socialiste et l'affirmation du libéralisme comme mode de gestion privilégié des sociétés humaines. Dans ce double contexte, porteur de bouleversements planétaires majeurs, l'Algérie, au bord de l'asphyxie financière, allait connaître l'une des périodes les plus dramatiques de son histoire contemporaine. – terrorisme, ajustement structurel douloureux, isolement diplomatique...-les années 2000-2010 sont marquées par l'avènement du pouvoir actuel. Le rétablissement de la situation sécuritaire grâce à la lutte des forces de sécurité et à la mobilisation des citoyens, le retour de l'Algérie sur la scène internationale, la reconstitution des réserves de change et le désendettement anticipé grâce à l'embellie pétrolière, le lancement de grands projets de réalisation des infrastructures de base, la mise en œuvre de programmes ambitieux de logements, tels sont, notamment, les chantiers réalisés dans le cadre des programmes quinquennaux qui ont nécessité plus de 260 milliards de dollars. Améliorer le mode de gouvernance n Il reste que de grands questionnements s'imposent autour du mode de gouvernance, de la gestion de la sphère microéconomique, du manque de lisibilité ainsi que des hésitations dans la politique macro- économique d'ensemble, et enfin, des lenteurs mises dans l'application des réformes. Les balbutiements d'un retour vers le patriotisme économique, par la prise de mesures de sauvegarde, à travers, notamment, la loi de finances complémentaire 2009, a mis à nu les contradictions entre d'une part, le capital productif national privé et public, et d'autre part, les tenants de la rente et de la spéculation. Dans ce contexte de crispation politique et économique, l'éclatement de scandales successifs, en particulier dans le secteur des hydrocarbures, jette le discrédit sur le mode de gouvernance et la stratégie à long terme de gestion rationnelle de nos ressources énergétiques et de celle de l'économie nationale de façon générale. A. H. Nom Adresse email