Abdelmalek Sellal a pris le risque de se rendre, hier, à Ghardaïa, où le conflit entre Mozabites et Arabes connaît une nouvelle escalade. Dans cette wilaya toujours sous haute tension, deux accueils diamétralement opposés lui ont été réservés : la "chasse" à Metlili, fief des Chaâmbis, et un accueil plutôt chaleureux à Béni Izguen. Le cortège de M. Sellal, dont les trois fourgons transportant les journalistes, a, en effet, vécu l'enfer dans la matinée, à Metlili, malgré l'escorte assurée, à la fois, par la police et la gendarmerie. Pourtant, à l'entrée de la ville de Metlili, où il s'est d'ailleurs même permis de faire une prière au cimetière des Chouhada, aucun signe avant-coureur d'hostilité n'était visible. Mais c'était sans compter sur les centaines de citoyens en colère qui l'attendaient de pied ferme au centre-ville. Brandissant des pancartes et banderoles sur lesquelles étaient écrits des slogans hostiles au pouvoir et contre le quatrième mandat, les manifestants ont tenté de barrer carrément la route à M. Sellal. "Dégage !", "Nahnou fakakir ou masraqnach malayir" (nous sommes pauvres et n'avons pas volé des milliards, "Non au quatrième mandat !" et tant d'autres slogans ont été scandés à tue-tête à la face de Sellal dont le cortège était obligé de s'adonner à des acrobaties pour échapper à la foule acharnée, avant d'atteindre, sous une escorte musclée, la salle omnisports de Metlili où le meeting était prévu. Pour tenter de calmer les esprits, M. Sellal n'a pas hésité à descendre de sa voiture pour "causer" avec les récalcitrants. "Venez en salle pour écouter ce que je vous dirai ; nous sommes bien conscients de votre situation", a-t-il tenté de calmer. Le message de Sellal lui a permis, avec l'aide de sa garde rapprochée, de passer au milieu de la foule, certes, mais la tension ne baissera pas. Au contraire, le véritable enfer sera réservé à M. Sellal à la fin de son meeting où il quittera la salle sur la pointe des pieds. Son cortège sera la cible des manifestants qui l'appréhendèrent dehors pour le caillasser. "Où étiez-vous durant toutes ces années de crise profonde ? Où était votre Etat ?" lui lance, dans la foulée, un jeune. Sellal a été évacué en urgence sous une pluie de projectiles, alors que la délégation des journalistes était contrainte de retourner dans la salle pour se "cacher", le temps que les policiers repoussent les manifestants. Autre lieu, autre décor, à Béni Izguen. Ville morte après les événements des derniers jours. M. Sellal évoluera dans une salle nommée Dar-El-Achira-Cheikh-M'hamed, pleine à craquer, et devant un auditoire cent pour cent acquis à la cause du quatrième mandat pour Bouteflika. Hautement quadrillée. Mais seulement, les Mozabites étaient venus en masse pour également réaffirmer leur identité amazighe. "Imazighen, Imazighen !" était d'ailleurs le slogan avec lequel M. Sellal a été accueilli. Et à lui de leur rendre la pareille dans la langue locale : "Tanemirt." Néanmoins, M. Sellal avait distillé ses messages forts lors du meeting tenu, même sous haute tension, à Metlili. "Après le 17 avril et la reconstitution du gouvernement, je vous promets de revenir à Ghardaïa pour régler définitivement le conflit." S'en prenant à ceux qu'il accuse de semer la fitna, Sellal met en garde : "Ne vous fiez pas à ceux qui cherchent à diviser l'Algérie, nous formons un seul peuple, uni." Le meeting de Sellal dans le chaudron mozabite s'achève, néanmoins, dans la convivialité, à la faveur d'un déjeuner offert par la commune de la commune de Dhaya Ben Dhahoua. F. A. Nom Adresse email