Lorsqu'un pays déclare son ambition de devenir un partenaire de l'Union européenne, il doit se préparer à certaines mutations internes incontournables qui sont loin de concerner seulement les volets économique et commercial. La mission d'information effectuée avant-hier en Kabylie par des conseillers de l'ambassade des Etats-Unis à Alger est une première du genre, à moins que d'autres représentations diplomatiques n'aient pas jugé utile de rendre publiques d'éventuelles actions de même nature qu'elles auraient menées. Cette sortie des diplomates américains, qui intervient vingt mois après le déclenchement de la protestation qui continue encore sous la houlette des coordinations du mouvement citoyen, n'est pas la seule initiative étrangère prise publiquement et visant à “comprendre la Kabylie”. Au moins deux parlementaires européens, l'un espagnol et l'autre italien, ont récemment interpellé, au nom de leurs groupes d'appartenance, leurs gouvernements respectifs sur la situation en Kabylie. L'un et l'autre ont tenté ainsi d'obtenir des éclaircissements sur ce qu'entreprennent leurs pays en faveur d'une issue démocratique à la crise qui secoue cette région de l'Algérie. L'un et l'autre se sont inquiétés des atteintes aux droits de l'Homme qui y sont commises et qui ont été largement rapportées par la presse. Une fois n'est pas coutume, le pouvoir algérien devrait se garder de crier à l'ingérence : lorsqu'un pays déclare son ambition de devenir un partenaire de l'Union européenne, il doit se préparer à certaines mutations internes incontournables qui sont loin de concerner seulement les volets économique et commercial. Il s'agit aussi d'engager les transformations politiques que suppose et implique, en principe, toute insertion dans l'espace planétaire. La question est donc de savoir si l'Algérie est prête à assumer une telle évolution avec la célérité que recommandent les retards à combler en la matière. Il faut craindre que les tests que doit subir le pays en prévision de son adhésion aux différents ensembles économiques ou politiques se soldent encore par des échecs. Il n'est que de constater que d'“autres” s'investissent pour saisir les tenants et les aboutissants de la situation en Kabylie, ne se suffisant plus de donner crédit aux thèses du pouvoir, et que ce même pouvoir se suffit, pour sa part, de la répression. S. C.