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En hommage à deux valeureux chefs de l'ALN, morts au combat : le lieutenant Si M'hamed Raïs, le 8 juin 1958, et le colonel Si M'hamed Bougara, le 5 mai 1959.
Quand la force K rallie l'ALN : (2e partie et fin)
Publié dans Liberté le 05 - 05 - 2014

Je suis avec Si M'hamed. Il avance la tête haute, arborant sa haute taille, sa carabine US en bandoulière, une paire de jumelles accrochée au cou. Si M'hamed est connu pour son grand courage qui frôle la témérité. J'ose quand même l'inviter à se baisser afin d'éviter que nous soyons repérés. Nous avons sur nos têtes les avions "mouchards" et des troupes au sol qui observent tous nos mouvements. Si M'hamed ignore mon conseil. Enervé, je me surprends à l'imiter. Je me tiens moi aussi droit, ne prenant aucune précaution. Cela ne durera pas longtemps. Un avion arrive sur notre gauche, sans bruit, furtivement, pique dans notre direction. Nous sommes sa cible. Nous avons juste le temps de plonger sous un grand arbre. L'avion tire à la mitrailleuse. Les balles soulèvent des mottes de terre très près de nous. Les branches couvrent complètement nos corps. Dès que l'avion remonte, nous nous dégageons. Nous sommes indemnes, l'avion nous a ratés. Si M'hamed se lève, tapote sa tenue impeccable. Il fait ce commentaire : "Ils sont sérieux" (Menhoum bessah).
Nous sommes une cinquantaine de djounoud, tous du commando, à nous retrouver dans une situation périlleuse, encerclés de toutes parts, soumis aux attaques incessantes des avions. Sous peu, nous allions devoir repousser les assauts des soldats qui n'allaient sûrement pas manquer d'investir l'endroit. Il nous faut au plus vite nous sortir de là. Une seule possibilité de repli s'offre à nous: passer par le nord, par arch Beni Boudouane, pour rejoindre Tayabine, dans la région de Amrouna, fief de l'ALN. Il nous faut traverser le vaste territoire du arch. La manœuvre est très risquée. C'est carrément se jeter dans la gueule du loup. Boualem, le bachagha du arch, a recruté des centaines de harkis. Aucune unité de l'ALN n'a foulé les terres des Beni Boudouane. Leur arch est "la propriété", le fief du bachagha qui y exerce tous les pouvoirs, y compris le droit de vie et de mort sur ses habitants.
Bachagha Boualem, de son vrai nom Saïd Benaïssa Boualem, est né en 1906, à Souk-Ahras. Il appartient cependant à une vieille famille de notables de Beni Boudouane. Il a participé à la Seconde Guerre mondiale et a atteint le grade de capitaine. Il est caïd des Beni Boudouane, en 1945, agha en 1955, bachagha en 1956. Il règne sur le vaste arch composé de 24 boccas. Il est député de la circonscription d'Orléansville (Chlef) en 1958. Il est à quatre reprises, de 1958 à 1962, vice-président de l'Assemblée nationale française.
Il gère d'une main de fer les Beni Boudouane, passé maître de la politique du bâton et de la carotte. Il fait recruter en France des centaines, voire des milliers de ses compatriotes, au temps où l'économie française avait un gros besoin de main-d'œuvre. Mais il n'hésitait pas à être violent avec les "indisciplinés".
Dès juillet 1956, il constitue une harka dont il était le chef, harka qu'il développera et qui comptera plusieurs centaines d'hommes.
Bachagha Boualem se distingua, bien avant, dans l'affaire du maquis communiste de l'aspirant Henri Maillot (avril-juin 1956). C'est lui qui dénonça ce maquis à l'armée française et ses hommes participèrent à sa liquidation.
Ses hommes prenaient part aussi aux opérations militaires hors de leur arch. Il arma des civils. Lui-même accompagnait les soldats français en opération dans les douars immédiats des Beni Boudouane. À Bathia, lors d'une opération, il arriva en hélicoptère et violenta une vieille femme ; il lui asséna un grand coup de pied dans le dos, lui causant une grave fracture qui l'invalida définitivement. L'ALN élimina plusieurs membres de sa famille dont, notamment, son frère Lahssen en 1956 et son fils Abdelkader en 1958. Lui-même échappa à un attentat à Chlef en 1959.
Il fut un ardent défenseur de l'Algérie française. En février-mars 1962, il accueille un maquis OAS dans l'Ouarsenis dirigé par le tortionnaire colonel Gardes. En mai 1962, il est rapatrié d'Algérie avec sa famille et une partie des harkis.
Il meurt en 1982. Nous n'avons pas le choix : c'est la seule voie de repli possible.
Si M'hamed nous ordonne de le suivre. Nous nous dirigeons donc vers le nord. Nous nous faufilons jusqu'à un petit oued dont le lit est profondément encastré dans la roche. Nous suivons le lit de cet oued. Les avions ne nous ont pas repérés.
Au terme d'une marche d'une demi-heure environ, une marche difficile car il fallait souvent enjamber des rochers parsemant le lit de l'oued, nous atteignons l'orée d'une forêt très dense avec de grands arbres. Nous empruntons une piste étroite qui longe la forêt. La piste est bordée, côté forêt, par un talus rocheux, haut mais qui s'affaisse plus loin permettant un accès plus facile à la forêt que nous voulions rejoindre et y faire une halte avant de tenter la traversée du vaste arch de Beni Boudouane. Si M'hamed ouvre la marche; comme d'habitude, je suis près de lui, juste derrière. Saïd Bouraoui est en troisième position. Notre détachement forme une longue colonne. Il est midi environ. À notre gauche, un terrain caillouteux, avec peu de végétation. Nous avons parcouru 200 à 300 mètres, lorsque j'aperçois, me semble-t-il, un mât, là-bas sur la butte plus loin devant nous. Je dis à Si M'hamed de regarder avec les jumelles. C'est ce qu'il fit. "Il n'y a rien", me dit-il. Nous reprenons notre marche. C'est une antenne. Cette fois j'en suis sûr. Si M'hamed reprend les jumelles, à ma demande. "Ils sont bien là", lâche-t-il. Nous rebroussons chemin à vive allure. Une grande détonation, un tir de canon. L'obus explose derrière nous, sur la berge de l'oued. C'est une auto-mitrailleuse qui a tiré au canon. Une pluie de balles nous parviennent, de notre droite. Des cris en arabe aussi. Ce sont des harkis embusqués. Durant deux à trois minutes, nous sommes pris pour cible par une centaine de fusils, à en juger par l'intensité des tirs. Nous sommes dans l'impossibilité de riposter. Il faut courir très vite pour sortir de l'embuscade. Miraculeusement, personne n'est touché. Nous sommes à présent dans la forêt. Mais voilà que deux avions arrivent. Un appareil pique sur nous. Le robuste Kaddour brandit son fusil-mitrailleur et l'ajuste sur son épaule, pointant l'avion. Les deux appareils s'éloignent. Ils larguent leurs charges dans l'oued.
Nous sommes à Beni Boudouane.
Nous l'avons échappé belle. Nous sommes "tombés" dans une embuscade, sur un bouchon. Lors d'un accrochage ou ratissage, l'armée laisse libre une voie de repli, une "sortie", à l'extrémité de laquelle elle dresse une embuscade.
Nous sommes dans un terrain que nous ne connaissons pas. Notre but est de le traverser dans toute sa longueur, du sud au nord, rejoindre Tayabine et Sidi Mansour, fief de l'ALN. Nous devons marcher toute la nuit.
Nous sommes sur le qui-vive. Que va être l'attitude des gars des Beni Boudouane ? Vont-ils nous combattre et nous empêcher de passer ? Informer l'armée française de notre présence ?
Nous entamons une marche à pas rapides durant quinze à vingt minutes, pour nous éloigner, au plus vite, du lieu de l'embuscade. Au vu d'une dechra, nous ralentissons la cadence. Nous devons adopter une attitude décontractée, non agressive, mais nous ne devons montrer aucune peur.
Un groupe d'hommes est sur le toit de la première maison. Ils sont armés. Leurs demeures sont en terre, creusées dans le talus ou sur le flanc d'une butte. Les toits, en terre, constituent des terrasses. C'est le type de maisons que nous rencontrons dans les dechras des montagnes, des montagnes du Zaccar et du Dahra. Ils nous regardent, nous scrutent, ne disent rien. Nous les saluons de loin sans nous approcher, sans nous arrêter, leur signifiant que nous continuons notre route. Ils ne répondent pas. Nous les saluons de nouveau. Enfin, un homme nous crie : "Eloignez-vous ! Eloignez-vous !" (Baadouna ! Baadouna !).
Nous acquiesçons et continuons notre chemin. Plus loin, une autre dechra. La même scène. Des hommes armés, sur leurs gardes, silencieux. Après leur avoir adressé le salut, nous osons faire une halte en face d'eux, à bonne distance. Nous leur demandons de l'eau. Pas de réponse. Après un court instant, un vieux vient vers nous. Il nous apporte de la galette et du petit lait (l'ben).
Si M'hamed lui tient ce discours : "Les Belhadjistes nous ont rejoints. Parmi eux, il y a de nombreux jeunes de chez vous. Ils combattent à nos côtés. Nous sommes vos frères..."
Le vieux écoute. Il ne fait aucun commentaire. Discrètement, il nous quitte, sans rien dire.
Nous reprenons notre marche. Puis la nuit tombe, la pression aussi. Le ralliement des Belhadistes à l'ALN a eu un effet psychologique très fort sur les Beni Boudouane. Ils ont peur. Ils ne sont plus sécurisés. Il n'y a plus de force K à Zeddine, à l'est, protégeant ce flanc. En traversant Beni Boudouane, nous n'avons pas dû affronter les unités de harkis. Elles étaient sûrement en opération avec l'armée. Nous ne manquerons pas de signaler aux responsables de la région l'attitude "neutre" qu'ont adoptée les Beni Boudouane à notre égard. Les commissaires politiques furent instruits d'entreprendre des contacts avec les dechras situées à la périphérie du arch. Nous saurons, quelques temps après, que l'approche fut positive. Elles collaborèrent avec l'ALN. A l'aube, nous atteignons la forêt de Tayabine. Nous sommes exténués. Nous n'avons rien à manger. En fin de journée, nous reprenons la marche pour rejoindre les nôtres.
En cours de route, nous apprenons que l'armée française s'est acharnée sur la population de Bathia. Elle a brûlé de nombreuses dechras : Tafrent, Ouled Belaïza, El Arayeb, El M'khatria.
Lors de chaque opération militaire, les populations abandonnent leurs dechras et se réfugient dans la forêt. Parfois, elles se mettent sous la protection de l'unité de l'ALN, en s'approchant le plus près possible de la position qu'occupe cette dernière. Les militaires détruisent alors les maisons abandonnées momentanément par leurs propriétaires. Ils saccagent tout ce qu'ils y trouvent. Avant de quitter les lieux, ils mettent le feu aux maisons. Inlassablement, dès le lendemain, les habitants entament la reconstruction de leurs demeures. Les bombardements et les raids aériens ont causé la mort de 34 civils de Bathia.
Dans les rangs de l'ALN, il y a eu une vingtaine de morts parmi les ex-Belhadjistes. Le commando a perdu 4 éléments et enregistré 4 blessés. Parmi les blessés, Kadi Méliani. Il a été évacué sur l'infirmerie du docteur Bakir, à Ouled El Mabane. Il fut tué, le 28 mai 1958, avec tous les autres blessés ainsi que Dr Bakir, lorsque l'armée a investi l'infirmerie. Le jeune blidéen, Hakim (17 ans), à qui Méliani et moi-même avions mis un garrot suite à sa blessure à la jambe gauche a disparu.
Le commissaire politique de Bathia qui s'est rendu le lendemain sur les lieux des combats et des bombardements, accompagné des moussebiline et des militants — mission que les commissaires politiques sont chargés d'exécuter après chaque accrochage ou ratissage ennemi afin d'enterrer les morts et secourir d'éventuels blessés — nous a rapporté un fait bouleversant, terrible.
Ils découvrirent, parmi les victimes, une jeune femme blessée mortellement. Couchée sur le flanc, elle serrait contre elle son bébé. Le bébé était toujours en vie, il continuait de téter sa mère !
Le commando se rassemble à Bathia, près de Tafrent. C'est le 8 mai 1958. Nous organisons une cérémonie pour commémorer le 8 Mai 1945.
Si M'hamed, le chef du commando, nous quitte après la cérémonie. Il est affecté en zone 2, promu lieutenant militaire. Il est surpris par l'ennemi à Daouadji, Djelida (Aïn Defla), près de chez lui, le 8 juin 1958. Il tomba après avoir résisté vaillamment. Dans l'après-midi du 8 mai 1958, le commando s'ébranle en direction de Bab El Bekkouche, bastion du majestueux Ouarsenis.
O. R.
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