D'une pierre deux coups : la décision de Barack Obama vise à satisfaire les exigences de l'opposition syrienne et du groupe international "Les amis de la Syrie", regroupant la cinquantaine de pays qui soutiennent la rébellion contre le pouvoir de Bachar al-Assad. Mais constitue également une réponse au refus de son homologue russe Vladimir Poutine de faire machine arrière en Ukraine. De fait, le locataire de la Maison-Blanche a engagé une sorte de casus belli avec le maître du Kremlin lequel est le parapluie du régime syrien. Washington va donc donner aux bureaux de l'opposition syrienne aux Etats-Unis le statut de mission diplomatique étrangère. Décision annoncée lors de la visite dans la capitale américaine du chef de la Coalition nationale syrienne Ahmad Jarba, puis confirmée par le département d'Etat qui a précisé que la présence du leader de la rébellion syrienne a pour objectif de renforcer l'opposition syrienne "modérée". Pour Ahmad Jarba, proche de Riyad, la position américaine constitue une étape décisive sur la voie de la nouvelle Syrie, pour sa reconnaissance sur la scène internationale. À ses yeux, c'est "un coup diplomatique" porté à la légitimité du président Bachar el-Assad qui s'apprête à repasser comme une lettre à la poste ce mois de juin aux élections présidentielles qu'il organise faisant un pied de nez à ses engagements de trouver une sortie politique la guerre civile en œuvre dans son pays depuis 2011 et qui a fait plus de 150 000 morts. Les Etats-Unis vont également accroître leur assistance non létale et accélérer les livraisons à destination de l'opposition hors islamiste, qui combat à la fois les forces du régime de Bachar el-Assad et les milices djihadistes très présentes dans le conflit. Quelque 27 millions de dollars d'aide supplémentaire vont être fournis, portant le total de cette aide à 287 millions. La reconnaissance du statut de mission diplomatique étrangère pour les bureaux des rebelles aux Etats-Unis, qui va permettre à leurs employés de bénéficier de l'immunité diplomatique, intervient après l'échec du processus de paix dit de Genève II et près de deux mois après que Washington ait fait fermer l'ambassade syrienne dans la capitale américaine. Sur le terrain, les combats entre djihadistes dans l'Est syrien ont redoublé d'intensité. Les affrontements entre le Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, et les ultra radicaux de l'EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant-EIIL) ont eu lieu dans la riche province pétrolière de Deir ez-Zor, selon l'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'homme). Le Front al-Nosra et l'EIIL s'accusent mutuellement des pires atrocités et de volonté hégémonique sur le terrain. D. B. Nom Adresse email