À Genève, les négociations directes entre le régime syrien et l'opposition piétinent, et le régime de Bacharl-assad les pense vouées à l'échec, croyant pouvoir tirer profit des succès de sa contre-offensive sur le terrain des combats. "Nous ferons de notre mieux pour faire décoller ce processus", assure quant à lui médiateur des Nations unies pour ces négociations sur le conflit syrien. Lakhdar Brahimi, qui a également assuré avoir "des tonnes de patience" pour aller jusqu'au bout de ses efforts, a affirmé qu'il fallait "accélérer" les travaux de Genève II car, selon lui, et il sait de quoi il parle : c'est l'unique voie pour mettre fin aux souffrances des populations. Las, en colère, pour essayer de sortir de l'impasse actuelle où les deux délégations refusent de s'entendre sur un agenda de discussions, Lakhdar Brahimi a appelé "tout le monde a faire de ce processus une réalité et à aider la Syrie à sortir de ce cauchemar que son peuple vit depuis presque trois ans". Les discussions doivent se poursuivre jusqu'à vendredi et la semaine prochaine. Demain donc, il aura une réunion trilatérale avec les deux coparrains de la Conférence, la Russie et les Etats-Unis, représentés par le vice-ministre russe Guennadi Gatilov et la Secrétaire d'Etat adjointe Wendy Sherman. Lakhdar Brahimi se rendra par la suite à New York pour rendre compte au Secrétaire général des Nations unies et au Conseil de sécurité. Mais, et tous les observateurs en sont convenus, si les négociations tournent en rond, c'est de la faute du régime de Damas qui a remis le pied sur ses engagements, notamment sur l'objectif partagé par la Russie et les Etats unis dans la feuille de route de Genève II sur la base du consensus international tracé dans Genève I, au printemps 2013, après de multiples missions exploratoires de Lakhdar Brahimi auprès des Syriens et de tous les pays concernés de près ou de loin par ce conflit, à plusieurs tiroirs et enjeux. En fait, Damas traîne des pieds depuis une année lorsque l'unité de l'opposition a éclaté, laissant la voie libre aux djihadistes de tous bords. "Il nous aura fallu six mois pour sortir quelques centaines de personnes de Homs", a regretté l'émissaire, qui a souligné que beaucoup d'autres zones assiégées attendent toujours une aide humanitaire. La rébellion, qui avait compté sur des bombardements occidentaux, en ont eu pour leurs frais dès lors que Kerry et Lavrov, respectivement secrétaire d'Etat américain et ministre russe des AE, s'étaient entendus sur Genève II. La défection de Washington a refreiné les ardeurs guerrières de Paris, et à l'opposition de comprendre qu'elle devra désormais compter sur ses propres forces pour espérer l'emporter. Problème : la rébellion contre Bachar Al-Assad est constituée d'une myriade de brigades éparpillées. Il n'y a pas que ça. "Unis" par une même détestation du régime, les opposants sont imprégnés d'idéologies très variées : du nationalisme arabe au djihadisme transnational. Influencés par des bailleurs de fonds aux priorités divergentes : du département d'Etat américain aux mécènes salafistes du Golfe, l'Arabie saoudite et le Qatar. Au point où les combattants de l'opposition se sont comportés depuis le début de l'année sur le terrain autant en alliés qu'en concurrents, voire en ennemis. Les tentatives d'unification, menée notamment par le général Salim Idriss, le chef de l'ASL (armée syrienne libre), ont échoué. Le factionnalisme est resté de mise, à la satisfaction de l'armée de Bachar Al-Assad qui s'est naturellement engouffrée dans la brèche. Grossièrement, l'insurrection se présente comme suit face à une armée disciplinée et dont tout le monde s'interroge sur son unité. Il n'y a pas eu de mouvement de sédition ni de défections d'importance. Les brigades nationalistes, ossature de l'ASL principalement présentes dans la Ghouta, la banlieue de Damas, qui revendiquent 10 000 combattants. Elles sont financées également par l'Arabie saoudite, dans le but de faire contrepoids aux djihadistes et par les Etats-Unis. La Coalition nationale syrienne promeut pour l'après-Assad un programme d'inspiration démocratique, pluraliste et non confessionnel mais n'est pas présente sur le terrain. Par contre, les islamistes ont eu le vent en poupe. Certains se prévalent des Frères musulmans mais la grande majorité dépend d'al-Qaïda et dont les groupes comptaient jusqu'à ces dernières semaines parmi les plus puissants de la rébellion. Les djihadistes revendiquent 20 000 combattants, leur poids se faisait sentir dans le sud de la Syrie, dans la province de Homs, dans le nord à Alep. Leur champion, l'EEIL (l'Etat islamique en Irak et au Levant) est en passe d'être défait par l'ASL et des islamistes fédérés au sein d'un Front islamique pour la libération de la Syrie (FILS). L'EIIL, qui a récemment fait scission avec al-Qaïda, s'est retirée de la province de Deir Ezzor dans l'est de la Syrie, où elle avait la main, après des combats menés par le Front Al-Nosra, une autre formation djihadiste. Le Front Al-Nosra, resté affilié à al-Qaïda, combat l'EIIL pour s'assurer le contrôle des villes et des champs pétrolifères de la région de Deir Ez-Zor ! Plus de 2 500 insurgés ont péri dans les combats entre factions en un peu plus d'un mois. D. B Nom Adresse email