Il a personnellement contacté la quasi-totalité des formations de l'opposition avant de leur transmettre le document de la présidence et pour leur dire son souhait de les recevoir en juin prochain à El-Mouradia. Alors que les partis de l'opposition ont exprimé, plus ou moins clairement, leur refus de prendre part aux consultations autour de la révision constitutionnelle, le chef de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, tente de convaincre les uns et les autres d'adhérer à cette démarche. Ainsi, il a personnellement contacté la quasi-totalité des formations de l'opposition pour leur dire son souhait de les recevoir en juin prochain à El-Mouradia pour écouter leurs propositions en la matière. Lors de ses contacts entamés depuis trois jours, Ouyahia n'a pas usé d'un même discours avec l'ensemble des patrons de parti. Il a, en effet, modulé sa façon de parler et d'argumenter en fonction de ses interlocuteurs, mais tout en faisant passer son message, toujours le même : "On souhaite que vous preniez part aux consultations de juin sur la révision de la Constitution", ont en effet retenu la quasi-totalité des chefs de parti contactés que nous avons pu joindre hier. Ainsi, Abdellah Djaballah, président du Front de la justice et du développement (FJD), a fait preuve d'une nonchalance manifeste lors de son échange, d'avant-hier, avec Ouyahia : "Oui, il m'a contacté, personnellement, pour me dire que je recevrai jeudi (aujourd'hui, ndlr) le document portant sur la révision de la Constitution, et je lui ai exprimé notre point de vue sur la question", a-t-il expliqué d'entrée sur un ton désabusé. Il ajoute néanmoins qu'"à chaque fois que le pouvoir entame des consultations, il a toujours manqué de sérieux et de sincérité". "Nous discuterons avec eux quand ils seront plus sérieux, parce que tout ce qu'ils font reste suspicieux. Et, pour tout dire, on n'a pas confiance en eux", lance-t-il, sentencieux. Mais ce que retient Djaballah, c'est le fait qu'"ils voudraient bien nous voir tous participer aux consultations". Son argument est qu'"ils nous ont appelés tout en connaissant notre position sur la question". C'est d'ailleurs la même impression qu'a eu Soufiane Djilali, patron du parti Jil Djadid, à l'issue de son échange avec le chef de cabinet du président Bouteflika : "Je ne me rappelle pas de sa phrase exacte, mais il espère notre participation, c'est sûr. C'est d'ailleurs le but de son appel", rapporte Soufiane Djilali qui évoque "un bref échange protocolaire" avec Ouyahia qui n'a duré qu'une minute. "Il s'est présenté et m'a informé que je recevrai le document de la commission technique ce jeudi." Toutefois, le chef de Jil Djadid campe sur son refus d'aller aux consultations comme cela a été décidé dans le cadre de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique. "Je ne participe pas à ce dialogue sur la révision constitutionnelle mais cela ne m'empêche pas d'accepter de recevoir le document", a-t-il souligné. Mohamed Douibi, le secrétaire général d'Ennahda, pour sa part, a eu droit à une argumentation de la part d'Ouyahia, selon lui, "Il m'a dit qu'ils mènent des consultations pour réviser la Constitution afin de préserver l'avenir du pays et sa stabilité. Et je lui ai répondu que nous voulons tous la stabilité du pays, mais de quelle manière ?", raconte-t-il. Faisant remarquer à l'ancien patron du Rassemblement national démocratique (RND) que la décision de participation ou non est du ressort des instances de son parti et de la Coordination pour les libertés et la transistion démocratique, M. Douibi soulignera que "nous voulons une véritable stabilité dans tous les sens du terme ainsi qu'une consécration de la volonté populaire à travers une véritable transition démocratique". Par ailleurs, parmi les partis de l'opposition contactés par nos soins, deux ont annoncé hier leur participation officielle aux discussions : le FNA de M. Touati et le front El-Moustaqbal de Abdelaziz Belaïd. C'est ainsi que Moussa Touati a déclaré avoir "félicité Ouyahia pour sa nomination au cabinet de la présidence de la République", ajoutant que lui l'a félicité, à son tour, pour ses "positions de nationaliste", tout en soulignant qu'en effet il est nationaliste et "ne souhaite aucune tutelle étrangère". Dans ce cadre, Touati, qui ira aux consultations pour, dit-il, "exprimer les positions" de son parti, précisera qu'il ira à ces consultations comme il l'avait déjà fait du temps de la révision constitutionnelle de Abdelkader Bensalah et de Liamine Zeroual. "Nous sommes dans l'opposition, mais contre la politique de la chaise vide", explique-t-il avant de lancer : "Nous voulons affronter notre adversaire en face et ne pas l'éviter." Et d'enchaîner : "Je mène un combat direct en exprimant mon opinion, c'est ça l'opposition." Et d'interroger : "Qu'ont fait ceux qui sont dans l'opposition depuis 1962 ?" De son côté, Belaïd Abdelaziz, président du parti du Front El-Moustaqbal, a souligné que le chef de cabinet à El-Mouradia l'a appelé pour lui dire simplement qu'il recevra jeudi matin le document sur la révision constitutionnelle en prévision des consultations prévues en juin prochain. Tout en précisant qu'Ouyahia ne lui a pas demandé expressément de prendre part aux consultations, Belaïd qui dit oui à l'initiative présidentielle, motive cette position par le fait que son parti a lui-même demandé la révision constitutionnelle. "Il s'agit de nouvelles consultations, nous irons donc exprimer nos positions", argue-t-il. N M Nom Adresse email