Après 10 jours de compétition et de projections soutenues, le 67e Festival de Cannes a baissé rideau. Ni la fièvre footballistique ni les élections européennes n'ont déconcentré les festivaliers qui ont suivi le dévoilement du palmarès avec beaucoup d'attention. Le jury présidé par Jane Campion attribue la Palme d'or au Turc Nuri Bilge et livre un message symbolique en primant le plus jeune et le plus vieux des cinéastes en lice. Animée par Lambert Wilson, la cérémonie a vu, entre autres, le défilé de stars, l'effusion d'émotion et la standing ovation pour le président Gilles Jacob qui a tiré sa révérence. Comme attendu, la Palme d'or a été décernée à Winter sleep du Turc Nuri Bilge Ceylan qui a dédié sa victoire à la jeunesse turque. Le cinéma turc ne peut rêver mieux à l'occasion de son centième anniversaire. Même si les avis sont partagés quant à ce film, la présidente a justifié son choix en affirmant, lors de la conférence de presse : "J'ai eu peur quand j'ai vu que c'était un film de 3 heures, mais c'est un film au rythme merveilleux, vraiment maîtrisé et sophistiqué." Pendant que le Grand prix est revenu à l'Italienne Alice Rohrwacher pour Le meraviglie, ceux de la mise de scène et du scénario sont remportés par, respectivement, l'Américain Bennett Miller pour Foxcatcher et les Russes Andreï Zviaguintsev et Oleg Negin pour Leviathan. Abderahmane Sissakou, seul représentant de l'Afrique avec Timbuktu, donné comme favori par la presse française, est reparti bredouille, tout en se consolant avec deux distinctions parallèles, à savoir le Prix du jury œcuménique et du prix François-Chalais. De leur côté, tandis que l'Américaine Julianne Moore a été honorée, en son absence, par le Prix d'interprétation féminine pour son rôle dans Maps to the stars du Canadien David Cronenberg, le Britannique Timothy Spall repart avec le Prix d'interprétation masculine pour son rôle dans Mr Turner de Mike Leigh. Certes, le prix le plus important reste la Palme d'or, mais le Prix du jury reste très convoité. Cette année, le jury l'a voulu très symbolique. Il a été attribué au jeune prodige canadien de 25 ans, Xavier Dolan, qui a fondu en larmes sur scène pour Mommy, et au vieux loup suisse de 83 ans, Jean-Luc Godard, pour Adieu au Langage. À travers ce choix, le jury a primé le plus jeune et le plus vieux des cinéastes en lice pour la Palme d'or : la jeunesse et la maturité. Une ère qui se termine et une autre qui s'ouvre. La relève est assurée, semble dire le jury, et Jean-Luc Godard peut faire ses adieux au cinéma sans s'inquiéter du devenir du 7e art. T. H. Nom Adresse email