Le président palestinien Mahmoud Abbas a donné son investiture à un gouvernement d'union nationale lundi. Est-ce à dire que les contradictions et différends entre le mouvement islamiste Hamas qui était en rébellion ouverte depuis l'enclave de Gaza contre le Fatah, parti historique de la résistance palestinienne fondée par le regretté Yasser Arafat et hérité par Mahmoud Abbas, sont surmontées ? Le contexte national, régional et international a certes changé mais sait-on jamais, avec l'animosité et les hostilités qui avaient animé les frères-ennemis palestiniens. Il ne faut pas perdre de vue que Hamas a expulsé le Fatah et l'autorité palestinienne de Gaza, que les islamistes avaient immédiatement investi lorsque le Premier ministre israélien Sharon y avait retiré unilatéralement son armée et les colons. Le plan du boucher de Sabra et Chatilla avait réussi : mettre face-à-face Hamas et Fatah pour donner du mou à la fuite en avant et aux nouveaux complots israéliens, alors que ses dirigeants étaient sommés par la communauté internationale de négocier la paix avec les Palestiniens. Les ministres de la nouvelle administration, sans affiliation politique, ont prêté serment lors d'une cérémonie télévisée à Ramallah, siège de l'autorité palestinienne en Cisjordanie sous occupation israélienne. Sur les cinq nominés par Hamas, trois ministres se sont vu refuser l'entrée en Cisjordanie par les forces israéliennes d'occupation. Benyamin Netanyahu, le pire des faucons parmi les Premiers ministres israéliens, a dénoncé ce gouvernement, assurant qu'il ne négociera pas avec lui au motif qu'il associe Hamas, qualifié par lui de terroriste. En guise de rétorsion, Netanyahu devrait bloquer une partie des taxes qu'il perçoit chaque mois au nom des Palestiniens, pour aggraver la situation financière de l'Autorité palestinienne. Il a vivement exhorté ses alliés aux Etats-Unis et en Europe à ne pas soutenir un gouvernement d'union nationale dans lequel le Hamas était représenté. La formation de cet exécutif d'union nationale a été négociée pas à pas, selon des observateurs dans les Territoires palestiniens. Lundi matin, son annonce était encore suspendue à un différend sur la dissolution par le président Abbas du ministère des Affaires de prisonniers, et son remplacement par un comité qui ne relèverait pas du contrôle du gouvernement. Autre objet de négociations serrées entre Ramallah et Gaza, la qualité des membres du gouvernement. Finalement, la poire a été coupée en deux. Une part de sa composante, la moitié, a été choisie parmi des experts "apolitiques", comme s'il pouvait en exister parmi les Palestiniens en lutte pour leurs droits et indépendance depuis la spoliation et le partage de 1948. Mais les autres ministres portent bien les couleurs de l'un et de l'autre parti. Hamas a, en effet, déclaré avoir fait des concessions à toutes les étapes, avoir accepté que le Premier ministre du gouvernement d'union serait affilié au Fatah et aux factions palestiniennes marxisantes. Ce cabinet de "consensus" est dirigé par le Premier ministre sortant Rami Hamdallah, un universitaire respecté mais relativement peu connu à l'étranger. Proche du Fatah, Hamdallah assume également le portefeuille de l'Intérieur, après un désaccord entre Hamas et le Fatah. On ne sait pas si la question des prisonniers dans les geôles israéliennes a été réglée ou renvoyée à plus tard comme la question du ministre de l'Intérieur. Composé de 17 ministres, dont 5 de Gaza, c'est un exécutif de transition qui a pour mission prioritaire de préparer des élections présidentielle et législatives d'ici la fin de l'année. D. B Nom Adresse email