Belkhadem, Belayat, Ziari, Amar Tou, Benaïssa ont dû occuper le grand salon D'El-Aurassi. Ils accusent le SG actuel du FLN d'avoir usurpé sa fonction et "squatté" le parti. Saâdani, lui, fort de la majorité qui lui est acquise, n'a rien voulu entendre. Il s'est conformé à l'ordre du jour. Le FLN vient de rééditer un de ses nouveaux paradigmes de gestion de ses affaires internes. Les gros bras pour l'alternance ou le maintien à sa tête. Cela s'est vérifié hier à l'occasion de la 9e session ordinaire de son comité central qui a vu le recours à la force pour empêcher "les indésirables" d'assister à la rencontre. Dès le matin, l'hôtel El-Aurassi, où devait se tenir la réunion, est verrouillé par des "employés", de gros bras qui ne sont pas, selon leur aveu, des militants. "Nous travaillons", ont-ils dit. Des membres du CC sont priés de dégager même s'ils présentent une invitation ou un badge. Les "exclus" se retrouvent à la réception entourés de journalistes qui ont subi le même sort en se voyant interdits d'accès à la salle de réunion. Rien à faire devant cette dizaine de gaillards qui surveillent la porte d'entrée. Ordre ferme leur a été donné. Le CC et la presse sont scindés en deux groupes. Autour de Belkhadem qui s'est réconcilié avec Belayat, le slogan est à l'urne. "L'urne, l'urne", criaient ses partisans. Belkhadem refuse de rentrer tout seul. Il exige la participation de tous les membres. La tension monte. On décide alors de forcer les portes et de rentrer de force puisque, estime-t-on, on est en droit d'assister. À l'intérieur, les travaux ont commencé avec le discours de Saâdani, fait de félicitations et de projections programmatiques. Les gros bras s'énervent devant la ruée des partisans de Belkhadem. Le bloc des chargés de la sécurité résiste. Puis, on en vient aux mains. Les coups fusent. Cris, insultes et des coups balancés à tout-va. Le salon Rose d'El-Aurassi a failli devenir rouge. Deux individus sont blessés. Un autre a eu une partie de son costume en lambeaux. Dans le grand salon d'à-côté, ce sont la déception et la désolation dans les regards. Belkhadem fustige Saâdani et ses alliés qui ont conduit le parti à cette "mascarade". Belayat est du même avis. Ils décident alors de contester cette session et sa légalité. Ziari, Amar Tou, Benaïssa eux aussi, lâchent leur dépit devant la tournure prise par cette session. Ils accusent Saâdani d'avoir usurpé sa fonction et "squatté" le parti. Dans la salle, le CC a adopté l'ordre du jour sans y changer un mot. De l'autre côté, c'est presque une session parallèle qui se tient. Mais on ne sait pas vraiment comment faire face à l'autre camp. Cela d'autant que Abada et ses partisans ont rejoint le CC et maintiennent leur opposition au retour de Belkhadem qui est présenté, notamment par Belayat, comme l'unique candidat du groupe au poste de secrétaire général. Tentative de médiation. Fort de la majorité qui lui est acquise, Saâdani n'a rien voulu entendre et s'est conformé à l'ordre du jour. La commission politique est installée et a entamé son travail alors que le plus important et déterminant point qui va sceller pour une année, voire plus, le sort des contestataires est abordé : la commission de préparation du 10e congrès du FLN. Avec la caution du CC, Saâdani vient de placer le principal verrou qui lui permettra de gérer à son aise le congrès et, partant, le parti. Sûr de lui, il tient un discours "révolutionnaire" : démocratie, liberté de la presse et d'expression, ouverture, justice indépendante... et même de l'éthique politique. Un langage inédit dans la littérature du FLN. "Les indésirables", les ministres qui ont occupé des postes pendant plus d'une décennie, que Saâdani invite à céder leur place, décident de se réunir et de rendre public un communiqué sur les décisions qu'ils allaient prendre. Mais la bataille est déjà perdue puisque non seulement ils n'ont pas réussi à prendre part au CC, mais ils ont aussi perdu quelques partisans au passage. Ils ont, cependant, créé l'événement en attirant à eux les médias et en jouant sur la piètre image du parti véhiculée par la présence des gros bras étrangers au parti et qui n'ont pas hésité à faire jouer leurs biceps. À la mi-journée, Belkhadem est déjà parti. Les autres ne vont pas tarder à faire de même. En perdant la partie mais avec la promesse d'user de toutes les voies légales pour destituer Saâdani. Du déjà entendu. Une chose est sûre : le feuilleton FLN n'est pas fini. D B Nom Adresse email