En signe de protestation contre les conditions de travail déplorables et la mauvaise gestion au CHU Ibn-Badis de Constantine, 24 sages-femmes exerçant à la maternité de cet établissement ont déposé simultanément, hier, des arrêts de travail d'un mois. En effet, depuis l'affaire de l'enlèvement du bébé Leith de la nurserie de la maternité dudit CHU, le 27 mai dernier, et la mise en détention provisoire d'une sage-femme dans le cadre de cette affaire, l'ambiance de travail est devenue insupportable pour ce collectif en particulier. "Nous n'arrivons plus à supporter les quolibets, les insultes et les menaces quotidiennes", nous a déclaré une sage-femme rencontrée au CHU. "L'affaire de l'enlèvement du bébé a mis à nu la mauvaise gestion dont nous pâtissons depuis des années. Nous avons toujours dénoncé les conditions dans lesquelles se pratiquent les accouchements, et surtout, l'absence des moyens matériels, d'hygiène et de sécurité", ajoute une autre. "Ces arrêts de travail que nous avons déposés sont, en fait, une forme de préparation de la situation avant une démission collective", nous a indiqué Mme Akila Guerrouch, présidente de l'Union nationale des sages-femmes algériennes. Contactée par téléphone, Mme Guerrouch nous a signalé que les résultats de l'enquête interne révèlent que "le certificat d'accouchement délivré par le CHU de Constantine n'est pas conforme à celui établi par le ministère de l'intérieur". "Le recrutement des sages-femmes s'est fait dans un cadre illégal, puisque le décret n°122 concernant le statut de la sage-femme exige, depuis 2011, une formation complémentaire d'une année avant le recrutement. Une procédure qui n'a pas été respectée par l'administration du CHU", ajoute Mme Guerrouch. Revenant au cas de la sage-femme placée en détention provisoire dans l'affaire de l'enlèvement du bébé, elle nous apprend que celle-ci était considérée comme stagiaire et ne travaillait sans aucune couverture ! Une autre non-conformité à la réglementation qui régit cette corporation et qui exige que les sages-femmes qui n'ont pas encore obtenu leur diplôme doivent être encadrées par une sage-femme diplômée ou un médecin en exercice. On évoque également l'affaire de l'agent de sécurité figurant au nombre des principaux accusés dans l'enlèvement du petit Leith, lequel a été réintégré à son poste par le CHU malgré une condamnation à 6 mois de prison ferme pour vol de médicament (Valium), qui plus est dans le même hôpital ! La présidente de l'Union nationale des sages-femmes algériennes met en cause la gestion des ressources humaines dans cet établissement hospitalier. "Les résultats de notre enquête interne ont dévoilé une très mauvaise gestion au sein de cet établissement qui n'assume pas ses responsabilités vis-à-vis de ses employés", affirme-t-elle. Et pour cela, Mme Guerrouch a annoncé qu'elle a déposé une demande auprès du juge d'instruction chargé du dossier du bébé Leith pour témoigner. Une source judiciaire affirme qu'elle sera entendue dans les jours à venir. Nom Adresse email