Face à l'armada policière déployée sur les lieux, les chefs des partis de la Coordination ont transformé leur action en rassemblement devant la Grande Poste. Hormis Abdallah Djaballah (Ennahda), les chefs des partis de l'opposition, formant avec l'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour la CNLTD (Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique), étaient présents au complet, jeudi, au sit-in de contestation, tenu à l'esplanade de la Grande Poste, pour protester contre la non-autorisation de la conférence thématique qu'ils comptaient tenir le 21 juillet, à la salle de l'office public Riadh El-Feth. Cette décision administrative, "arbitrairement" prise par les services de la wilaya d'Alger, en dépit d'une demande formulée en bonne et due forme par les organisateurs, a, en effet, fait sortir de leurs gonds, entre autres les présidents des partis RCD, MSP, Jil Jadid, et l'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, qui, écharpe à la main, sont descendus dans la rue pour dénoncer "cette énième restriction entravant les libertés et les droits politiques de l'opposition". "Non à l'atteinte aux libertés démocratiques", "Il est interdit de se rassembler dans l'Etat de Bouteflika", ou encore "La wilaya hors la loi" sont autant de slogans hostiles au pouvoir, qu'on a pu lire sur les banderoles brandies par les contestataires. Les membres de la CNLTD ont prévu de marcher de la Grande Poste jusqu'au siège de la wilaya d'Alger, mais c'était compter sans la mobilisation des forces de l'ordre visiblement toujours bien instruites pour empêcher ce type d'action (marche) interdite dans la capitale. Ce qui a poussé les manifestants à se cantonner dans un petit périmètre et à exprimer pacifiquement leur colère contre cette décision administrative pour le moins incompréhensible. "Aujourd'hui, nous sommes ici pour exprimer pacifiquement notre indignation de ce énième abus de pouvoir exercé, avec zèle, contre l'opposition. Nous sommes victimes d'un refus arbitraire", s'est indigné de prime abord le chef du MSP, Abderrazak Makri, non sans mettre en garde que la prochaine action sera de grande envergure et mobilisera davantage de militants et de citoyens engagés dans le combat démocratique. "Notre présence ici au grand complet est un message fort qui doit donner à réfléchir au régime qui poursuit sa politique de fuite en avant", a-t-il averti. Même son de cloche chez Mohcine Belabès, président du RCD, qui appelle, pour sa part, le pouvoir à "assumer toutes responsabilités". "Désormais, les décideurs n'auront plus de choix à faire devant la colère des citoyens et des militants de la démocratie ; ou bien ils nous laissent nous exprimer pacifiquement et dans un cadre légal, ou bien ils assument leurs responsabilités ; la politique du régime poussera tôt ou tard le peuple à se révolter", a-t-il averti. De leur côté, Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, et Ahmed Benbitour n'ont pas manqué d'alerter sur la situation "dangereuse" que traverse le pays, dont le pouvoir autoritaire tente de tuer dans l'œuf toute action visant à le faire sortir de la crise. "L'avenir du pays est en danger ; le pouvoir nous pousse de plus en plus à recourir à des actions radicales (...)", a averti l'ancien chef du gouvernement. Pour rappel, la conférence thématique que voulait organiser la CNLTD avait pour objectif d'étudier les méthodes "scientifiques" devant permettre un changement politique dans notre pays. Un sujet auquel le pouvoir en place s'est toujours montré foncièrement opposé... F. A. Nom Adresse email